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ESA DG at ITRE Workshop (French)

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ESA / About Us / Jean-Jacques Dordain

Transcript of Jean-Jacques Dordain's speech at the Industry, Research and Energy (ITRE) Committee workshop on ‘Space technologies in support of European policies - transport, environment and agriculture’, Brussels, 13 July 2011.

 

Aujourd’hui je vais vous parler des satellites d’observation de la Terre et des satellites qui permettent de donner la position et le temps c'est-à-dire, en Europe, Galileo. Ces satellites, comme l’a dit le vice-président Tajani, ne sont que des outils, qui permettent de fournir de nombreux services aux citoyens sur Terre et à une échelle globale, c’est la raison pour laquelle il ne s’agit pas que des citoyens européens mais aussi des citoyens du monde entier.

Et bien entendu ces satellites s’intéressent à des phénomènes qui ont justement une échelle globale, qui traversent les frontières ou même les continents : environnement, climat, météorologie, trafic aérien, trafic maritime. Des problèmes globaux mais qui peuvent avoir des conséquences très locales. Les conséquences du changement climatique peuvent se traduire par des inondations qui sont locales, peuvent se traduire par des sécheresses qui sont locales, par des immigrations clandestines qui sont locales etc etc. Donc il est important de comprendre que les systèmes satellitaires permettent de s’intéresser à la fois à des phénomènes globaux et à des problèmes locaux. Donc chaque citoyen du monde est intéressé par ces services.

De plus : pour que ces outils soient efficaces, il faut qu’ils soient compétitifs. La compétitivité est un élément essentiel de leur utilité. Et il y a deux types de compétitivité, et là je crois qu’il faut aussi être précis. Il y a d’abord la compétitivité de la solution spatiale par rapport à la solution terrestre, ça c’est une première compétitivité. Est-ce que le trafic aérien qui est basé sur les satellites de navigation est plus efficace que la gestion du trafic aérien par des balises terrestres ? Et ça c’est par exemple le sujet EGNOS, par rapport à la gestion du trafic aérien à partir des balises terrestres. La deuxième compétitivité est totalement différente : c’est la compétitivité de la solution européenne par rapport aux solutions non européennes. C’est comment les solutions européennes sont meilleures que celles qui sont fournies par les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde etc… C’est la raison pour laquelle on ne peut pas parler de services basés sur les infrastructures spatiales sans parler des niveaux de connaissance et de compétitivité.

Sécheresse en Grande-Bretagne et  Irlande du Nord
Sécheresse en Grande-Bretagne et Irlande du Nord

Connaissance, compétitivité, services, ce sont les trois piliers de ce que nous essayons de faire ensemble. Ça peut se traduire d’ailleurs en un seul mot qui serait la « nouvelle économie spatiale ». J’utilise ce mot, ou plutôt cette phrase, car cela a été le sujet de la première conférence de politique spatiale du Royaume Uni. Intéressant de noter que cette première conférence de politique spatiale a eu lieu le 4 juillet dernier à l’université de Warwick au Royaume Uni et le sujet c’était la nouvelle économie spatiale. Ça me semblait important de rappeler ce thème car c’est exactement de quoi je veux parler.

On m’a demandé de parler des réalisations actuelles de l’Europe en observation de la Terre et en navigation. Le vice-président Tajani en a déjà parlé, peut-être que je mettrais un peu plus l’accent sur l’observation de la Terre parce que l’observation de la Terre c’est la priorité des priorités pour les États membres de l’Agence spatiale européenne.

Le programme d’Observation de la Terre de l’ESA c’est le plus grand programme spatial de l’agence, avant les Lanceurs, avant les Télécommunications, avant les Vols Habités. Et si on ajoute au programme de l’ESA, les programmes nationaux, les programmes de l’opérateur EUMETSAT, les programmes de la Commission européenne, ça donne effectivement une très grande priorité accordée par l’Europe à l’Observation de la Terre.

Il y a quatre sujets en Observation de la Terre : le premier ce sont les sciences de la Terre et de l’environnement ou comment peut-on améliorer la connaissance sur la Terre et son environnement ; le deuxième sujet ce sont les services de météorologie ; le troisième sujet ce sont les services liés à l’environnement et la sécurité ce qu’on appelle GMES ; et le quatrième sujet ce sont les services à caractère de défense. Je laisserai ces derniers de coté aujourd’hui puisqu’il s’agit essentiellement d’activités nationales. Donc je parlerai des réalisations sur les trois premiers sujets d’Observation de la Terre.

Ouragan Irène (Envisat)
Ouragan Irène (Envisat)

Sur la connaissance, et bien peu de gens le savent, c’est l’Europe qui a fait le plus gros satellite jamais construit dans le monde dédié à l’environnement. Il s’appelle Envisat, c’est un satellite de plus de 7 tonnes qui a été lancé en 2002, sur lequel il y a neuf instruments qui sont exploités depuis dix ans; et il fournit des données quotidiennement à des milliers d’utilisateurs qui sont répartis dans plus de 70 pays, c'est-à-dire bien au-delà des frontières de l’Europe. Et puis, derrière Envisat, nous lançons des plus petits satellites dédiés à un thème scientifique qu’on appelle explorateurs de la Terre, et on en lance en moyenne un par an. Et chacun fournit des données qui sont uniques dans le monde (et améliore d’un ou de deux ordres de grandeur les connaissances actuelles au niveau mondial).

Le deuxième élément concerne les services de météorologie que nous développons en partenariat avec l’opérateur EUMETSAT. Nous en sommes déjà à la troisième génération des satellites de météorologie en orbite géostationnaire. Nous allons commencer la deuxième génération des satellites de météorologie en orbite polaire si bien que les services de météorologie sont eux aussi parmi les plus compétitifs du monde, ce qui a permis d’améliorer la prévision météo à cinq jours. Si on peut faire une prévision du temps correcte à cinq jours c’est grâce aux satellites de météo opérés par EUMETSAT. Le prochain objectif est d’avoir une prévision à deux semaines, ce qui modifiera complètement les aspects économiques (liés à la connaissance du temps, que ce soit pour l’agriculture ou pour le tourisme).

Et puis le troisième volet ce sont les services liés à l’environnement et la sécurité. L’ESA avec l’Agence spatiale française, le CNES, ont été les deux membres fondateurs de la Charte sur les catastrophes naturelles. Cette Charte a déjà plus de 10 ans; à chaque fois qu’elle est appelée, les membres de cette charte mettent à disposition les données satellitaires aux organisations gouvernementales et non gouvernementales qui en font la demande. Et malheureusement cette charte sur les catastrophes naturelles est aujourd’hui appelée à un rythme de trois fois par mois. Les plus grandes catastrophes comme le tremblement de terre en Haïti et le tsunami au Japon ont marqué les esprits et, dans ces cas, les données satellitaires ont aidé de façon très importante les secours puisqu’il n’y a que les satellites qui permettent de donner rapidement un état des routes disponibles, des ponts qui sont encore praticables, des pistes d’atterrissage qui sont encore utilisables. Donc toutes les informations qui sont données par les satellites sont des informations essentielles pour que les secours arrivent rapidement (et la rapidité est un facteur essentiel pour économiser des vies).

EGNOS
EGNOS

Nous donnons aussi, avec les satellites disponibles, des services par exemple sur la surveillance maritime. Nous donnons énormément d’informations sur la surveillance du trafic maritime que ce soit aux agences de l’Union européennes comme l’EMSA, que ce soit aux gardes cotes italiens aujourd’hui pour donner des informations sur le trafic en Méditerranée ; donc ce sont des services qui sont déjà opérationnels. (Pour améliorer ces services et pour garantir leur continuité) nous développons avec la Commission européenne les satellites Sentinelles qui seront dédiés au service de GMES. Je rappelle que ces satellites seront lancés à partir de 2013 , c’est donc demain que ces satellites seront en orbite.

En matière de navigation, le vice-président Tajani l’a déjà dit, les services EGNOS sont maintenant complètement opérationnels ; la certification « Safety of life » permet de faire atterrir des avions à partir de ces services EGNOS. Les trois premiers aéroports en Europe qui ont développé des procédures d’atterrissage sont trois aéroports français. Il s’agit de Pau – parce que c’est là où les éléments d’Airbus atterrissent pour être assemblés à Toulouse-, Clermont-Ferrand et Le Bourget et nous avons évoqué cette procédure d’atterrissage au Bourget lors du Salon voila quelques semaines. En comparaison des trois aéroports en Europe, 2000 procédures d’atterrissage aux États-Unis, donc vous voyez qu’on a encore beaucoup de chemin à faire mais le service existe en Europe. Ça n’est plus une question spatiale, c’est une question qui intéresse les aéroports, c'est-à-dire pas les satellites, pas la Commission, pas l’ESA ; les services existent mais il faut que les aéroports maintenant développent ces procédures d’atterrissage.

Nous avons deux satellites Galileo en orbite : Giove A et Giove B. J’insiste là-dessus, Giove B a emporté les technologies de Galileo, c'est-à-dire que les technologies de Galileo sont déjà en orbite depuis trois ans. L’horloge atomique est en orbite depuis trois ans, le générateur de signal Galileo est en orbite depuis trois ans et ils démontrent tous les jours qu’ils sont les meilleurs du monde. Nous avons les meilleures technologies du monde en matière de navigation. Et nous serons ensemble le 20 octobre à Kourou pour le lancement des deux premiers satellites de Galileo.

Donc en résumé, l’Europe est compétitive. Nous sommes même je crois les leaders en matière d’observation de la Terre et nous avons les meilleures technologies en matière de navigation. Alors à partir de là quels sont les problèmes à régler pour le futur ? Il y a trois problèmes à régler : le premier c’est d ‘assurer l’exploitation de ces infrastructures, j’y reviendrai et je terminerai là-dessus car c’est le sujet le plus critique aujourd’hui.

La constellation Galileo
La constellation Galileo

La deuxième chose qu’il faut faire c’est assurer déjà, dès aujourd’hui, la préparation des futures générations d’infrastructures spatiales parce que malheureusement on ne reste pas compétitif pour toujours ; être compétitif c’est continuer d’investir dans la recherche et la technologie parce que les autres investissent et progressent.

Et puis le troisième sujet c’est protéger les infrastructures spatiales contre les débris, contre les éruptions solaires parce que s’il y a des services opérationnels à associer à des infrastructures spatiales il faut assurer que la continuité de ces services opérationnels soit garantie.

Alors comment assurer l’exploitation correcte des infrastructures Galileo et GMES ? Parce que le succès de Galileo et de GMES, et on est bien d’accord avec le vice-président Tajani, ça ne va pas se mesurer au nombre de satellites, ça va se mesurer au nombre de services et surtout à la robustesse de ces services délivrés aux citoyens.

Ce n’est pas qu’une question de budget, mais c’est aussi une question de budget. Il faut que la gouvernance soit adaptée pour que l’exploitation soit robuste et on a encore à travailler pour trouver la bonne gouvernance. Il faut d’abord des opérateurs qui aient l’expertise et l’expérience pour pouvoir assurer l’exploitation de ces infrastructures. Pour nous, le modèle c’est EUMETSAT, pour la météorologie. Il a fallu 15 ans à EUMETSAT pour devenir complètement opérationnel.

Le deuxième sujet, c’est la politique de données ; c’est essentiel pour l’exploitation des infrastructures spatiales. Il faut que cette politique de données prenne en compte les besoins, prenne en compte le contexte international : nous ne sommes pas les seuls à fournir des données et il faut prendre en compte les intérêts des États membres qui financent.

Le troisième sujet, c’est la coopération internationale : le vice-président, M. Tajani, en a parlé : que ce soit Galileo ou GMES, ce sont des infrastructures européennes mais qui fournissent des services mondiaux et donc la coopération internationale est un élément essentiel de cette exploitation.

Mais c’est aussi une question de budget. Alors nous avons tous lu la proposition de la Commission faite il y a 15 jours. Je l’ai lu avec grande attention et je voudrais d’abord remercier la Commission, et en particulier le vice-président Tajani, d’avoir fait un pas très important en assurant le budget nécessaire pour l’exploitation de Galileo. Donc le financement de Galileo est dans la proposition de la Commission et il est à un niveau approprié. Reste GMES. GMES est mentionné mais il est mentionné en dehors du cadre budgétaire que je vais appeler ordinaire, et ça malheureusement c’est un problème pour ceux qui développent aujourd’hui des infrastructures et pour ceux qui délivrent déjà aujourd’hui des services. Parce que le fait de le placer en dehors crée des incertitudes sur l’intérêt de lancer des satellites qui risqueraient de ne pas être exploités et surtout sur la continuité de ces services, et ce sont des services qui sont essentiels ; ce sont des services qu’on fournit en cas d’inondation, en cas d’incendie de foret, en cas de catastrophe naturelle, en cas de problème d’immigration illégale etc. Et donc on ne peut pas rester avec ces incertitudes de façon indéfinie. Donc moi ce que je souhaite et je suis bien entendu prêt à aider la Commission, parce que ce n’est pas seulement ma responsabilité, c’est d’essayer de faire en sorte que l’exploitation de GMES fasse partie du budget communautaire.

Sentinel-1
Sentinel-1

Et ceci pour trois raisons. Premièrement parce que c’est l’hypothèse sur laquelle les États membres de l’ESA ont financé le développement – aujourd’hui les États membres de l’ESA financent les deux tiers du développement des satellites Sentinelles sur lesquels les services GMES seront fournis- et cette hypothèse repose sur un financement communautaire pour l’exploitation. La deuxième raison c’est que les services, les services GMES, sont utiles à tous les États membres de l’Union et de l’ESA. Il n’y a pas un seul État membre qui puisse dire qu’il n’est pas intéressé par les services GMES ; alors que c’est vrai que le développement des satellites n’intéresse peut être qu’une partie de ces États membres, mais les services, eux, intéressent tous les États membres. Et la troisième raison, est que je voudrais éviter qu’il y ait un problème de priorité entre Galileo et GMES. Pour moi Galileo et GMES ont la même importance, la même criticité et la même urgence. Donc c’est la raison pour laquelle je suis prêt à travailler avec la Commission et le Parlement pour arriver à cet objectif (d’inclure GMES dans le cadre du budget communautaire), parce que je crois que les risques seraient plus importants de ne pas financer GMES que de le financer.

Et je vais terminer là-dessus, si vous souhaitez avoir un aperçu des services GMES, faites comme le vice-président Tajani, vous êtes tous invités à l’ESRIN qui est à Frascati en Italie; c’est un endroit très agréable mais c’est aussi un endroit où les services GMES sont visibles ; donc rendez-vous à Frascati pour voir ce que sont les services GMES. Merci.

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