De la technologie spatiale à l’intérieur de vos yeux

Le marché très compétitif de la lentille proposant des produits de plus en plus complexes – telles que les lentilles de contact à focale variable et à haute définition – il est en effet plus que jamais primordial de donner à chaque lentille sa forme exacte.

Chaque lentille doit être vérifiée soigneusement afin de s’assurer qu’elle a bien été réalisée selon la prescription du patient. C’est précisément pour atteindre cet objectif que la société belge Lambda-X a conçu un appareil inspiré par la technologie spatiale.

En tant que partenaire de longue date de l’ESA, cette société a transformé un instrument développé pour des applications spatiales en un outil de contrôle de la qualité qui a permis d’améliorer significativement les produits.

Situé au bout de la ligne de production, cet appareil contrôle précisément l’entièreté de la lentille, en ce compris sa partie intérieure.

Il est même capable d’analyser les lentilles implantées par des chirurgiens pour améliorer la vision de patients souffrant de cataracte.

Comme l’explique Marc Halbach, dont la société PhysIOL fait appel aux solutions offertes par Lambda-X, « l’un des plus grands défis lors de la fabrication de n’importe quel type de lentille est d’obtenir systématiquement la forme désirée ».

« Des lentilles déformées ou défectueuses peuvent provoquer un inconfort et déformer la vision. Or, s’il est possible de jeter des lentilles de contact si elles sont de mauvaise qualité, il est impossible de faire de même pour une lentille qui a été placée à l’intérieur de l’œil. Il est dès lors crucial pour nous que chaque lentille réponde à nos exigences de qualité les plus strictes ».

Une vision plus claire grâce à l’apesanteur

Lambda-X a à son actif le développement et la réalisation de plus de 30 instruments optiques et de mesure, qu’ils soient déjà dans l’espace ou qu’ils s’apprêtent à en prendre le chemin.

Une unité compacte à bord du Trace Gas Orbiter de l’ESA va bientôt analyser la composition de l’atmosphère de Mars, et de nombreux instruments se trouvent déjà dans les laboratoires de la station spatiale internationale.

Un instrument développé par Lambda-X observe le comportement des liquides et des gaz en apesanteur. « Par simple curiosité, j’ai placé un jour mes lunettes dans l’appareil », se souvient le directeur de la société, Olivier Dupont. « C’est alors que nous avons réalisé par hasard que nous pouvions également mesurer les lentilles et les autres surface optiques de façon très précise ».

S’en est suivi la conception d’une machine qui inspecte les lentilles ophtalmologiques avec une précision bien supérieure à tous ses concurrents, et cette machine est tellement efficace qu’elle a permis à la société de devenir un leader mondial dans ce domaine.

Modéliser la lentille

La technique employée permet non seulement de modéliser la surface de la lentille, mais également sa partie intérieure.

« Faites l’expérience la prochaine fois que observerez la lumière passer à travers de l’air chaud au-dessus d’une bougie ou d’un grille-pain sur un mur clair. Vous verrez des traces grises tournoyer comme de la fumée. En observant l’ombre, nous sommes capables de mesurer les propriétés optiques de l’air chaud, ou dans le cas qui nous intéresse, de la lentille ».

Cette solution offre des avantages du point de vue du temps et de la main-d’œuvre nécessaires car les opérateurs ne doivent plus calibrer les équipement au préalable, comme c’était le cas avec les anciennes méthodes, et de plus, le logiciel est très facile à utiliser et offre un large choix d’options ainsi qu’une traçabilité totale.

Pour Lambda-X, travailler avec des fabricants tel que PhysIOL a permis aux deux parties d’améliorer la qualité du service offert.

« Nous avons appris énormément de Lambda-X et l’inverse est tout aussi vrai. C’est un processus mutuellement bénéfique d’échange d’informations et de technologies qui a joué un rôle clé dans nos dernières innovations majeures dans les implants intraoculaires », dit Marc Halbach.

Lambda-X espère qu’à l’avenir ses instruments trouveront leur place sur le comptoir de votre oculiste afin de vérifier que vos lunettes ou vos lentilles correspondent bien à ce que vous avez commandé.

Pour Olivier Dupont, « travailler dans le secteur spatial est pour nous un rêve qui est devenu réalité. Si nous pouvons mettre cette expertise à profit pour contribuer à améliorer la vue de certaines personnes, alors je suppose que nous leur aurons – à notre modeste échelle – rendu la vie plus facile ».

« Il s’agit ici de l’un des nombreux transferts de technologie spatiale qui permettent de faire une différence ici, sur Terre », commente Sam Waes, employé cher Verhaert, la société chargée de coordonner en Belgique le programme ESA de transferts de technologies. Ce programme aide l’industrie à profiter des technologies développées dans le cadre des programmes spatiaux européens.

« Grâce à ce transfert, le contrôle de qualité des lentilles correctrices de vue est désormais considérablement amélioré. C’est un énorme pas en avant, notamment pour les lentilles intraoculaires qui remplacent la lentille naturelle de l’œil lorsqu’elle est enlevée lors d’opérations de la cataracte, ou encore pour la chirurgie de correction de la vue ».