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Ariane 5: l'histoire des 100 lancements...

28/09/2018 3707 views 24 likes
ESA / Space in Member States / France

Nous avons assisté cette semaine au 100e décollage d’une Ariane 5. Le 26 septembre, le vol Ariane 5 VA243 a déployé dans l’espace les satellites Horizons 3e et Azerspace-2/Intelsat 38.

Ariane 5 a succédé à Ariane 4 en tant que symbole de la compétitivité internationale de l’Europe dans l’espace, mais le nouveau lanceur n’était pas une évolution du véhicule précédent - il avait été développé à partir de zéro. Ses origines peuvent être retracées jusqu’au début des années 80, alors que l’ESA posait les bases d’un nouveau plan à long terme pour l’Agence.

Lors du Conseil au niveau ministériel de 1985, l’ESA prit la décision de développer un « futur lanceur européen » qui remplacerait Ariane 4, et qui permettrait de prendre part à la collaboration internationale proposée par la NASA autour d’une Station spatiale. Au même moment, l’Agence spatiale française, le CNES, étudiait un projet d’avion spatial habité, Hermès, destiné à être proposé à l’ESA afin qu’il soit « européanisé » ; cet avion spatial aurait lui aussi besoin d’un lanceur.

Conseil au niveau ministériel, Rome, 1985
Conseil au niveau ministériel, Rome, 1985

L’un des concepts étudiés par le CNES pour le nouveau lanceur, dit « l’approche Ariane 5 », aurait la capacité de déployer environ 5 tonnes sur une orbite de transfert et serait partiellement récupérable, mais non qualifié pour le vol habité. Ce concept serait donc remanié pour prendre en compte le fait que le lanceur serait utilisé pour Hermès.

Hermès, Ariane 5, le module de laboratoire européen Columbus et un concept de satellite-relais de données forment alors le cœur du futur programme de l’ESA. Hermès symbolisait le souhait européen d’une présence humaine autonome dans l’espace, Columbus celui tirer parti de l’expérience acquise avec Spacelab et de coopérer avec les Etats-Unis, et Ariane 5 devait permettre de garder un avantage concurrentiel sur le marché des lanceurs non réutilisables (et en outre, de mettre Hermès en orbite).

Approuvé au Conseil au niveau ministériel de 1987, le programme Ariane 5 débute le 1er janvier 1988, en même temps que les préparatifs pour la construction d’un nouveau site de lancement dédié à Ariane 5 à Kourou, en Guyane.

Ariane 5 en configuration Hermès, 1991
Ariane 5 en configuration Hermès, 1991

A partir de 1995, les plans de mission pour Ariane 5 comportent trois orbites différentes : l’orbite basse terrestre, l’orbite géostationnaire, et l’orbite héliosynchrone (les missions Hermès étaient elles aussi prévues pour l’orbite basse terrestre et l’orbite héliosynchrone).

Le nouveau véhicule devait également être capable d’effectuer des lancements doubles et même triples exceptionnellement, et d’emporter des charges utiles subsidiaires avec un coût additionnel très faible ou nul (par exemple, des satellites radio amateur ou de petits satellites scientifiques).

Malheureusement pour Ariane 5, le premier vol test (501) le 4 juin 1996 n’est pas couronné de succès (le lanceur s’est autodétruit 37 secondes après le décollage suite à un mauvais fonctionnement du logiciel de contrôle). Un second vol de test (502) se termine par un échec partiel le 30 octobre 1997. Imperturbables face à ces événements, les scientifiques et les ingénieurs européens résolvent les causes des problèmes et le troisième vol de test, le 21 octobre 1998 est un succès.

 Lancement de XMM-Newton en 1999
Lancement de XMM-Newton en 1999

Ce dernier vol de test ouvre la voie pour un premier vol commercial (L504) le 10 décembre 1999, à bord duquel a pris place l’observatoire à rayons X de l'ESA XMM-Newton. Les vols qui suivent établissent un palmarès impressionnant, et Ariane 5 est désormais reconnue comme l’un des lanceurs les plus fiables au monde. 

Quelques moments importants de la carrière d’Ariane 5 : le lancement d’Envisat le 1er mars 2002, qui atteint son orbite située à 800 km au-dessus de la Terre tout en étant la charge utile la plus lourde jamais lancée (8111 kg) jusqu’au lancement du premier Véhicule de Transfert Automatique, l’ATV Jules Verne (19360 kg), sur une Ariane 5 ES-ATV le 9 mars 2008.

Le lancement de l’ATV Jules Verne fut également la première mission opérationnelle d’Ariane qui nécessitait de rallumer l’étage supérieur. La version ES d’Ariane 5 a lancé quatre autres ATV à destination de la Station spatiale internationale avant la fin du programme ATV en 2014.

Le dernier lancement d’une Ariane 5G, le 27 septembre 2003, a envoyé la première sonde lunaire européenne, SMART-1, à bord du vol V162. Le premier vol d’une Ariane 5G+, V158, embarquait une autre mission pour l’espace profond, le chasseur de comète de l’ESA Rosetta, lors de son décollage le 2 mars 2004. 

Vue d’artiste d‘Ariane 6 en configuration 4 boosters (A64)
Vue d’artiste d‘Ariane 6 en configuration 4 boosters (A64)

Le premier lancement réussi d’une Ariane 5 ECA eut lieu le 12 février 2005, et marque le début d’une série de records d’emport de charges utiles commerciales. Le 27 mai 2006, une Ariane 5 ECA décroche le record de la charge utile la plus lourde avec 8200 kg. A partir de 2007 et pendant les dix années qui suivent, le poids des charges utiles ne cesse d’augmenter, et le 1er juin 2017, le vol Ariane 5 ECA V237 décroche à nouveau le record avec 10865 kg.

Pendant près de 20 ans, Ariane 5 a été la pierre angulaire de l’accès indépendant de l’Europe à l’espace, et ce lanceur est maintenant presque prêt à passer le relais à Ariane 6. Les activités continuent pour faire en sorte qu’Ariane 6 soit prête pour son premier vol, qui a été 

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