La préparation intensive de Claudie Haigneré
L'astronaute de l'ESA Claudie Haigneré a passé la plus grande partie de l'année à la Cité des étoiles, près de Moscou, où elle s'est entraînée pour la mission Andromède à destination de la Station spatiale internationale. En tant qu'ingénieur de bord, elle occupera le fauteuil gauche du vaisseau Soyouz.
Elle sait très bien, à la lumière de l'expérience acquise lors de sa mission à bord de Mir en 1996, quelles sont les exigences d'un voyage spatial. Elle sait également à quel point les heures passées à s'entraîner, à travailler sur simulateur et à répéter chaque aspect de la mission s'avéreront précieuses au moment du lancement.
"J'ai déjà effectué quatre périodes d'entraînement à la Cité des étoiles, ce qui a largement facilité mon travail" explique-t-elle. "J'ai pu me concentrer sur les systèmes techniques et la dynamique de vol : comment gagner l'orbite, manœuvrer, réaliser l'approche, s'amarrer, quitter l'orbite et procéder à la descente."
Claudie Haigneré n'a consacré que 150 heures à se familiariser avec la composante russe de la Station spatiale. Un temps relativement court qui s'explique notamment par le fait que l'équipage des vols taxi de courte durée n'ont pas à assurer d'activités de maintenance.
Ce n'est qu'à partir du mois de juin que l'équipage a pu commencer à s'entraîner ensemble. Claudie Haigneré, le commandant Victor Afanassiev et le second ingénieur de bord, Constantin Kozeev, ont séjourné une semaine dans les installations du CNES à Toulouse pour se familiariser avec les expériences scientifiques prévues à bord.
De retour à la Cité des étoiles ils ont passé quinze jours dans le simulateur du Soyouz à répéter chaque fois pendant quatre heures les manœuvres de vol et les procédures d'urgence. Quinze autres séances ont été consacrées aux manœuvres manuelles de retour dans le simulateur d'accostage. Les trois astronautes ont enfin travaillé dans les maquettes de Zarya et Zvezda, trouvant encore le temps - entre ces séances de travail souvent harassantes - de compléter leur connaissance des charges utiles scientifiques avec des instructeurs français et russes.
A la fin du mois d'août, l'équipage de la mission Andromède a abandonné la Cité des étoiles pour le Johnson Space Center de la NASA où il a pu, dans différentes maquettes et simulateurs, se familiariser avec les éléments de la composante américaine de l'ISS.
"Se cantonner à la théorie ne suffit pas" a encore expliqué Claudie Haigneré. "Il est nécessaire, pour se sentir réellement en confiance, de voir et de toucher par soi-même, et bien que notre travail nous destine à séjourner presque exclusivement dans la composante russe, nous serons libres de circuler dans toute la station et nous devons, pour cela, connaître notre chemin".
A quelques semaines du lancement, les trois astronautes se sont enfin rendus à Baïkonour pour jeter un premier coup d'œil à la fusée Soyouz qui les emportera vers la station.
Commentant la mission, Claudie Haigneré a estimé qu'elle était importante "parce qu'elle va nous permettre, a-t-elle dit, de tester le fonctionnement des laboratoires orbitaux de l'ISS. Nous pourrons mettre à l'épreuve nos procédures opérationnelles plusieurs années avant que le module européen Columbus et le véhicule de transfert automatique ne soient intégrés à la station".
"Nous pourrons également montrer aux jeunes que l'Europe est une véritable puissance spatiale et un partenaire important de la Station spatiale".
"L'Europe dispose d'ingénieurs, de chercheurs et d'astronautes dont la compétence est reconnue par tous nos partenaires, et notamment les russes et les américains".
"Ce que nous ferons là-haut servira, nous l'espérons, à montrer à nos jeunes qu'une carrière dans les domaines scientifiques et techniques peut être épanouissante. Il leur appartient de choisir leur avenir, mais nous pouvons leur donner une idée de ce qu'il peut être".