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Vue d'artiste d'Hélios-2 doté d'un puissant instrument de prises de vues
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Charleroi autour de la Terre, de la Lune, jusque sur Titan !

16/12/2004 567 views 1 likes
ESA / Space in Member States / Belgium - Français

Le pays de Charleroi est, plus que jamais, présent dans l'espace. Ce coin de Belgique est trop souvent décrié comme le Pays Noir à cause des charbonnages avec les tours et terrils, de la sidérurgique avec les hauts-fourneaux et les cheminées, qui témoignent de l'impact de la révolution industrielle du 19ème siècle.

Dans les années 60, les ACEC (Ateliers de Constructions Electriques de Charleroi) crée sa filiale d'électronique spatiale : ETCA (Etudes Techniques et Constructions Aérospatiales) a pour objectif de répondre aux problèmes d'électronique dans l'espace, notamment en ce qui concerne l'alimentation et la qualification électriques d'équipements destinés à fonctionner sur orbite.

Le microsatellite PARASOL lors de son intégration au CNES
Le microsatellite PARASOL lors de son intégration au CNES

Incorporée au groupe Alcatel, la société carolorégienne a renforcé ses compétences de fleuron spatial de l'industrie belge. Alcatel ETCA a su développer un savoir-faire original avec la mise au point et en oeuvre de systèmes spatiaux "sur mesure". Non seulement dans le cadre européen, mais aussi avec des partenaires en Russie, Chine et Inde. Tant pour les équipements à bord des lanceurs et satellites que pour les bancs de contrôle au sol. Elle est devenue un acteur des préparatifs à Kourou du lanceur Ariane 5 et le fournisseur principal de son électronique de bord. Elle est présente sur plusieurs familles de plates-formes orbitales, comme Spacebus (satellites géostationnaires), Proteus (mini-satellites) et Myriade (micro-satellites).

Après quatre décennies d'activités, Alcatel ETCA emploie quelque 560 personnes (avec 43 % d'ingénieurs et de cadres) pour un chiffre d'affaires de quelque 50 millions d'euros, dont 70 % dans les solutions spatiales. Ces dernières semaines, l'entreprise de Charleroi fait parler d'elle dans l'espace, jusqu'à 1,6 milliards de la Terre! Le lancement de la 164ème fusée Ariane, le 18 décembre, illustre bien sa contribution majeure à l'odyssée spatiale européenne. La charge à mettre sur orbite héliosynchrone à 700 km d'altitude comprend sept satellites: six français - le satellite d'observation militaire Helios-2A (4,2 tonnes), les quatre microsatellites Essaim de mesures électromagnétiques, le petit PARASOL pour l'étude de la réflectance des nuages - avec le Nanosat technologique espagnol.

Ultimes préparatifs de la capsule Huygens avant son lancement en octobre 1997
Ultimes préparatifs de la capsule Huygens avant son lancement en octobre 1997

Sur chaque lanceur Ariane 5, se trouve embarqués 90 kg d'équipements Alcatel ETCA, sous la forme de 21 boîtiers de 6 types différents qui concernent la commande sauvegarde, les commutations, le pilotage hydraulique, l'unité servo-mécanique, la distribution de puissance. Par ailleurs, une équipe permanente constituée d'une vingtaine d'ingénieurs et techniciens assure au Port spatial européen de Kourou, en Guyane française, la maintenance, l'exploitation et l'adaptation des systèmes de contrôle pour les campagnes de lancements.

Pour le vol 165, les six satellites "made in France" sont dotés d'équipements provenant de Charleroi. Le satellite Helios-2A utilise un boîtier belge RSJD (Régulateur, Shunt, Jonction, Distribution) qui constitue le coeur de son sous-système d'alimentation électrique. Ejectés sur orbite depuis une structure de déploiement, les quatre démonstrateurs (120 kg chacun) de la constellation Essaim sont destinés à l'écoute des signaux électromagnétiques pour les besoins de la défense. Le petit Parasol (Polarisation et Anisotropie des Réflectances au sommet de l'Atmosphère, couplées avec un Satellite d'Observation emportant un Lidar) est un microsatellite scientifique du CNES (Centre National d'Etudes Spatiales) pour des mesures de l'environnement atmosphérique. Les cinq microsatellites français sont réalisés à partir de la plate-forme Myriade dont le conditionnement d'énergie est fourni par Alcatel ETCA.

BD de l'ESA pour expliquer Cassini-Huygens aux jeunes
BD de l'ESA pour expliquer Cassini-Huygens aux jeunes

Sur l'orbite géostationnaire (à quelque 35 800 km au-dessus de l'équateur), le prochain satellite équipé avec des systèmes d'Alcatel ETCA sera le Worldsat-2 qui doit être lancé au début de février par une fusée Proton depuis le cosmodrome de Baïkonour et servir, entre autres, aux télécommunications en Afrique et en Amérique latine. Il s'agit du premier modèle Spacebus-4000 dont 100 kg d'avionique sont réalisés à Charleroi sous la forme de modules électroniques pour le conditionnement et la distribution d'énergie, l'alimentation électrique de la propulsion et le contrôle des batteries. D'autres Spacebus-4000 sont en construction chez Alcatel Space à Cannes: ce sont l'Apstar-6 destiné à un opérateur de Hong Kong (lancement prévu au début de 2005), le Worldsat-3 pour des services mobiles au-dessus du Pacifique (fin 2005), le Chinasat-9 de télévision directe (en 2006), le Koreasat-5 pour la Corée (en 2006). Alcatel ETCA participe aux charges utiles que Alcatel Space fournit aux satellites de télécommunications Express AM russes et DFH-4 chinois.

Autour de la Lune, évolue depuis le 15 novembre la sonde technologique européenne SMART-1 (Small Missions for Advanced Research in Technology) à propulsion électrique. Elle est la première au monde à s'être hissée lentement sur orbite lunaire en s'aidant d'un moteur ionique. Alcatel ETCA a fourni l'alimentation électrique qui délivre la très haute tension nécessaire à l'ionisation du gaz xénon employé dans le propulseur. A noter que SMART-1 tire parti du savoir-faire de deux autres entreprises belges: Spacebel à Liège pour le logiciel de bord, EHP (Euro Heat Pipes) à Nivelles avec des caloducs à hautes performances.

Autour de Saturne, sur son satellite Titan, doit descendre le 14 janvier la capsule européenne Huygens. Celle-ci contient une vingtaine de kg d'électronique belge, qui ont vu le jour à Charleroi dans les années 90. Alcatel ETCA avait la responsabilité du sous-système d'alimentation électrique, qui comprend notamment les systèmes de conditionnement et de distribution d'énergie (16 kg) ainsi que le dispositif pyrotechnique du déploiement des parachutes, du bouclier et des instruments (5 kg). Ces équipements qui ont nécessité 60 000 heures d'activités ont été fournis durant l'été 1995 pour être intégrés dans la capsule de l'ESA. Cette dernière a été attachée sur la sonde américaine Cassini. qui fut expédiée autour du Soleil le 15 octobre 1997, au moyen d'une puissante fusée Titan 4B-Centaur. Après sept années et quatre mois d'hibernation interplanétaire et un parcours sans fautes de 4 milliards de km, Huygens doit faire découvrir un autre monde... A condition que son énergie de bord, fournie par des batteries, lui permette de bien fonctionner durant les trois heures de sa descente sur Titan.

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