ESA title
Frank De Winne during emergency evacuation training at Kennedy Space Center, Florida
Agency

De Winne: faire face aux risques dans l’ISS

17/12/2007 516 views 0 likes
ESA / Space in Member States / Belgium - Français

Doublure de l'astronaute français Léopold Eyharts, Frank De Winne s'est entraîné pour un séjour de longue durée dans l'International Space Station (ISS). Rencontré au Cape Canaveral alors qu'il attendait le décollage de la navette Atlantis qui devait emporter le laboratoire Columbus de l'ESA, il nous décrit quelques aspects de son entraînement en vue d'un vol de six mois qui pourrait avoir lieu en 2009-2010.

Cet entraînement l’oblige à voyager beaucoup: il se déroule en Europe (EAC, près de l’aéroport de Cologne-Bonn; ESTEC, Noordwijk aux Pays-Bas), en Russie (Cité des Etoiles, dans la banlieue de Moscou), aux Etats-Unis (NASA Johnson Space Center, à Houston, Texas), au Japon (Tsukuba Space Center) et au Canada (MDA Space, Montréal).

Une fois que Léopold Eyharts se sera envolé avec Columbus vers la station, quel est votre programme?

Evacuer la navette à bord d'une nacelle…
Evacuer la navette à bord d'une nacelle…

Aussitôt après avoir assisté au lancement, je rejoins l'équipe des contrôleurs du centre Columbus à Oberpfaffenhofen près de Munich. Vu que je me suis entraîné avec Léopold aux opérations de mise en œuvre du laboratoire européen, j'apporterai mon aide s'il faut, en cas d'imprévu, reconfigurer le plan des activités à bord. Une fois que l'activation de Columbus sera terminée, je vais partir au Japon afin de me familiariser au centre spatial de Tsukuba à l'utilisation du laboratoire Kibo. Celui-ci doit être monté sur l'ISS, non loin de Columbus, lors des deux vols suivants du Space Shuttle qui sont programmés pour ce printemps. Il s'agit de me préparer au mieux pour ce qui pourrait être ma prochaine mission dans l’espace. Aucune décision n'a encore été prise à ce sujet. Mais je suis disponible et me tiens prêt.

Quels dangers guettent les habitants de cette station qui évolue à 350 km au-dessus de nos têtes?

Frank De Winne (à gauche) à bord du véhicule blindé d’évacuation
Frank De Winne (à gauche) à bord du véhicule blindé d’évacuation

Quand elle sera opérationnelle dès 2010, la station sera habitée par un équipage permanent de six personnes qui travailleront sur des expériences tout en veillant à la maintenance. Vivre dans cet ensemble complexe de modules-laboratoires n’est pas sans risques. Trois grands dangers menacent son bon fonctionnement. Un incendie peut se produire, ce qui est déjà arrivé dans la précédente station Mir. Il y a la dépressurisation d’un élément, suite à une collision avec un objet dans l'espace ou à cause du dysfonctionnement d'un joint. La présence d'un cheveu dans un joint d’écoutille peut causer une fuite dans l'habitacle. Et puis, l'atmosphère de la station peut être contaminée par un gaz toxique... L'équipage doit être prêt à réagir promptement, mais avec sang-froid et de façon concertée. Il s'est entraîné pour mener à bien les secours, voire pour organiser l'évacuation. Une trentaine de fois, on a répété ce qu'il convient de faire. Bref, on connaît la procédure par cœur et on peut la réaliser les yeux fermés, dans l'obscurité en cas de panne totale d'électricité.

Comment devez-vous réagir en cas d’accident?

L’utime véhicule de sauvetage avant l’envol du Space Shuttle. F. De Winne est sur le droit.
L’utime véhicule de sauvetage avant l’envol du Space Shuttle. F. De Winne est sur le droit.

Il s'agit d’analyser ensemble, vite et sans s'affoler, l'ampleur des dangers qu’encourt l'équipage. Nous nous sommes entraînés à donner la priorité au sauvetage de la station en isolant la partie endommagée ou polluée, en fermant le module accidenté. Puis, on cherche à résoudre le problème posé en envisageant une éventuelle réparation, sans avoir besoin de l’aide des contrôleurs et ingénieurs au sol. Il faut toujours prévoir une interruption des communications. On se prépare à une évacuation dans les meilleurs conditions, mais c'est la solution ultime. Avant de déguerpir, on s’efforce de placer la station dans une configuration de sécurité, pour qu'elle ne soit pas incontrôlable. La rentrée imprévisible de l'ISS, une pièce d'environ 450 tonnes, dans l'atmosphère terrestre constituerait une vraie menace pour les régions très peuplées de notre planète.

Related Links