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L'Asteroid Impact Mission (AIM)
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Deux sociétés belges, partenaires industrielles d’une mission vers un asteroïde

16/11/2016 462 views 5 likes
ESA / Space in Member States / Belgium - Français

C’est le mois prochain que la décision de lancer la mission innovante de l’ESA Asteroid Impact Mission doit être prise. Des entreprises à travers l’Europe sont impliquées dans les différents aspects de ce projet. Parmi elles, deux société belges.

L’Asteroid Impact Mission (AIM) devrait être lancée en 2020 à destination de Didymos, un astéroïde d’une taille d’environ 800 mètres autour duquel orbite, à un kilomètre de distance, un astéroïde de dimensions encore plus réduites – ce dernier présente une longueur de 170 mètres et a reçu le surnom officieux de Didymoon. Didymos signifie d’ailleurs « jumeaux » en grec, et cet astéroïde n’a été découvert qu’en 1996.

AIM est une mission unique. Il s’agit pour la première fois d’envisager comment nous pourrions protéger notre planète dans l’hypothèse d’une collision catastrophique avec ce genre de débris spatiaux, tout en faisant progresser nos connaissances scientifiques. L’équipe industrielle est conduite par la société allemande OHB et comprend également deux sociétés belges : QinetiQ Space et Antwerp Space.

Les Européens collaborent également avec la NASA, l’agence spatiale américaine, qui construit quant à elle l’engin spatial Double Asteroid Redirection Test Impactor (DART). L’engin AIM collectera des données pendant que DART ira s’écraser fin 2022 sur le petit satellite de Didymos. Il libèrera aussi deux petits CubeSats afin de réaliser des observations supplémentaires un peu plus risquées, et enfin, il se chargera de faire se poser l’atterrisseur Mascot 2 sur le petit satellite dans le but d’en analyser la structure interne.

Le temps presse pour AIM. En effet, une rencontre rapprochée (close encounter) – mais qui ne présente toutefois pas de danger – est prévue en 2022 entre la Terre et Didymos. Une lourde tâche attend dès lors l’industrie : depuis 2011, ce sont plus de 40 entreprises issues de 15 états membres de l’ESA qui travaillent de façon intense à cette mission hautement innovante.

AIM (en dessous) et Rosetta, la sonde spatiale européenne couronnée de succès
AIM (en dessous) et Rosetta, la sonde spatiale européenne couronnée de succès

« Toute la gamme d’activités actuellement en cours de réalisation illustre à quel point AIM devient un authentique projet européen », explique Ian Carnelli, le responsable de la mission au sein de l’ESA.

« Nous avons commencé par une définition détaillée de mission, en coopération avec l’industrie, alors même que la décision sur la mise en œuvre complète du projet ne sera prise que le mois prochain lors d’un conseil des ministres de l’ESA. Cette manière de travailler a été choisie pour pouvoir tenir le rythme élevé et tester une nouvelle approche qui voit l’ESA approuver plus rapidement un projet, tandis que l’industrie et les équipes responsables du développement des instruments peuvent ainsi se rapprocher ».

C’est ainsi que la société GMV mène à Madrid d’importants tests à l’aide de la caméra de navigation de l’Institut Max Planck, situé en Allemagne. GMV évalue pour ce faire un logiciel de navigation qui fait appel à des photos. Dans le cas présent, les images utilisées ont été prises en 2010 par la sonde spatiale de l’ESA Rosetta lors de son voyage vers la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. La sonde s’est en effet approchée à moins de 100 kilomètres de l’astéroïde Lutetia.

Les ingénieurs testent les caméras de navigation
Les ingénieurs testent les caméras de navigation

« Deux astéroïdes ne sont jamais parfaitement identiques. Dydimos et son double sont d’ailleurs trop éloignés de la Terre pour que les astronomes puissent déterminer l’aspect de leur surface depuis notre planète », précise Michael Kueppers, scientifique associé au projet AIM. « Mais grâce aux images de Rosetta, nous pouvons évaluer le niveau de précision requis pour évoluer autour de Didymoon, notre objectif, afin d’y déposer finalement le petit atterrisseur Mascot 2 à sa surface avec une précision de l’ordre de quelques centimètres par seconde ».

« La caméra de navigation vole d’ores et déjà à bord de la mission Dawn opérée par la NASA. Cette mission explore l’astéroïde Vesta et orbite actuellement autour de la planète naine Ceres, le plus grand objet au sein de la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter. Cette caméra a déjà permis de récolter une importante moisson de découvertes scientifiques ».

Photo de l’astéroïde Lutetia prise par Rosetta
Photo de l’astéroïde Lutetia prise par Rosetta

L’équipe collabore également avec des consortiums scientifiques qui ont proposé de faire voler à bord d’AIM deux satellites miniatures CubeSats, avant même qu’une définition définitive ne soit prise sur la poursuite du projet.

« C’est très enthousiasmant de voir les progrès réalisés dans le développement d’AIM, au moment même où la NASA poursuit sa collaboration innovante avec l’ESA dans le cadre du programme commun Asteroid Impact & Deflection Assessment ou AIDA », ajoute pour sa part Lindsey Johnson, du Planetary Defense Coordination Office de la NASA.

« Notre concept commun présente un avantage stratégique important pour chacune des agences spatiales. Même si les deux missions ont été pensées pour pouvoir fournir des résultats en étant largement indépendantes l’une de l’autre, la collaboration présente toutefois un avantage certain eu égard aux efforts internationaux visant à réduire la menace d’un impact d’un astéroïde sur la Terre ».

Vue d’artiste de l’impact de DART sur Didymoon, observé en direct par AIM et les CubeSats
Vue d’artiste de l’impact de DART sur Didymoon, observé en direct par AIM et les CubeSats

Le réseau AIM comprend une sonde mère, un atterrisseur et des CubeSats. L’emploi de ces derniers pour une mission dans l’espace lointain est une primeur mondiale. AIM représente donc une avancée majeure dans notre façon d’explorer l’espace. AIM servira également de banc de test à de nouvelles technologies, comme celle qui permet à la sonde d’évoluer automatiquement et de façon autonome autour de l’astéroïde. Ce projet représente un cap technologique pour de futures missions d’exploration spatiale et offre pour le surplus une plus-value scientifique appréciable.

Nous avons déjà eu l’occasion dans le passé d’évoquer ce projet, notamment au travers de cet article : Des chercheurs belges, vont-ils contribuer à deviers le cours d'un asteroïde ? 

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