L’ATV s’apprête à prendre congé de la station spatiale pour la dernière fois

Dernier d'une série de cinq véhicules de transfert automatique (ATV), Georges Lemaître a derrière lui une mission riche en évènements qui a démontré toute la polyvalence du vaisseau spatial. L'ATV-5 a été lancé neuf mois seulement après que son prédécesseur Albert Einstein eut terminé sa mission consistant à ravitailler et rehausser la station orbitale.

L'ATV-5 est l'engin spatial le plus lourd jamais emporté par une fusée Ariane. Il a transporté 6617 kg de ravitaillement et de matériel d'expérimentation vers la station spatiale. Avant son amarrage, il a volé en-dessous de la station afin de démontrer de nouvelles technologies de laser et d'imagerie infrarouge qui aideront de futurs vaisseaux spatiaux à réaliser des manœuvre de rendez-vous avec des objets non contrôlés.

L'astronaute de l'ESA Alexander Gerst et le cosmonaute russe Alexander Skvortsov ont supervisé l'arrimage automatique le 12 août avant de procéder rapidement au déchargement des nombreux objets présents dans la soute cargo. Au cours des six derniers mois, l'équipage a déballé tout le fret et a rempli l'espace ainsi libéré avec des déchets.

Pendant ce temps-là, les contrôleurs de la mission basés à Toulouse, ne France, ont actionné le transfert de l'oxygène, de l'air, du carburant et de l'eau vers les réservoirs de l'ISS.

En octobre, Georges Lemaître a été le premier ATV à pousser la station hors du chemin de débris spatiaux en faisant appel à une manœuvre spéciale demandant moins de préparatifs que d'ordinaire. Cette même manœuvre a été répétée deux semaines plus tard.

Le mois dernier, l'ATV-5 a amené la station dans une orbite plus basse tout en réduisant sa vitesse. Cette manœuvre exceptionnelle n'avait plus été réalisée depuis le vol du premier ATV en 2008 et elle permettra à d'autres vaisseaux de ravitaillement d'amener un volume de cargo plus important à la station. 

Rentrée atmosphérique

Il était prévu que l'ATV-5 retourne dans l'atmosphère à la fin février, sous un angle de rentrée faible. Cela aurait permis aux équipes de la NASA et de l'ESA d'observer le vaisseau de tout près et d'en apprendre plus sur sa rentrée atmosphérique.

Une des quatre chaînes d'alimentation est cependant tombée en panne la semaine dernière, avant de passer automatiquement en mode sécurité-défaut. L'ATV a été conçu pour continuer sa mission avec une panne, et peut même être encore contrôlé en toute sécurité avec deux pannes.

L'augmentation du risque d'une deuxième panne dans les 13 jours de vol libre avant la rentrée du 27 février – ainsi que l'impossibilité de raccourcir cette phase à cause de l'important trafic de l'ISS et d'autres contraintes opérationnelles de l'ATV – ont conduit l'ESA à annuler la rentrée "à plat". 

Georges Lemaître sera dès lors soumis à la procédure de rentrée standard environ 30 heures après le désamarrage, exactement comme pour ses prédécesseurs.

Deux expériences sont par ailleurs prêtes dans la soute cargo de l'ATV : elles vont toutes les deux surveiller la température et enregistrer d'autres informations pendant la rentrée contrôlée dans l'atmosphère, les données enregistrées étant transmises aux chercheurs.

"L'équipe de l'ATV a travaillé sans relâche pendant cinq missions à la suite", explique Massimo Cislaghi, le responsable de la mission ATV-5.

"Même si les équipes sont évidemment très déçues de ne pas pouvoir réaliser la rentrée "à plat" telle qu'elle était prévue, la modification du planning n'altère en rien le succès global de ce programme. Les ATV sont des engins spatiaux imposants et complexes, et ils ont atteint tous les objectifs assignés, apportant la preuve de l'expertise technique de l'Europe et des compétences des équipes de l'ESA, de l'agence spatiale française CNES et des nombreux partenaires industriels".

Quand bien même l'ATV termine son dernier vol, la technologie et le savoir-faire embarqués dans les cinq exemplaires produits vont connaître une nouvelle jeunesse dès 2017 à travers le module de service européen (ESM) qui alimentera le vaisseau Orion développé par la NASA, ouvrant ainsi la voie à un nouveau chapitre dans l'exploration spatiale.

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