"Livre Vert" sur la politique spatiale européenne: une résolution est proposée par le Sénat belge
"La Belgique a été l'une des chevilles ouvrières de la création de l'ESA, l'Agence Spatiale Européenne, en 1975", a rappelé Yvan Ylieff, le Commissaire fédéral chargé de la politique scientifique, au groupe de travail "Espace" du Sénat.
C'était à l'occasion d'un récent débat sur une proposition de résolution belge sur la politique spatiale européenne. "Outre sa participation active à l'ESA, la Belgique s'est également engagée dès 1979 dans la voie de la coopération avec la France et la Suède dans le cadre du système d'observation de la Terre SPOT, mais aussi plus récemment avec d'autres pays tels que l'Argentine pour le satellite de télédétection SAOCOM ou encore la Russie." Il devait noter l'intérêt des autorités belges pour l'imagerie militaire avec un investissement de 75 millions d'euros qui leur permettra d'avoir accès aux données du satellite-espion français Hélios-2.
La participation belge à l'ESA s'élève à 160 millions d'euros: cette somme représente 95 % du budget spatial belge. "La Belgique n'a pas mis sur pied d'agence spatiale nationale et considère l'ESA comme son agence spatiale, dont elle utilise les compétences techniques dans les domaines où elle veut investir: lanceurs, télécommunications, observation de la Terre, microgravité, technologie de pointe... En moyenne, la Belgique participe à hauteur de 6,7 % aux programmes optionnels, ce qui en fait le 4ème contributeur de l'Agence, derrière la France, l'Allemagne et l'Italie, mais devant la Grande-Bretagne, l'Espagne ou les Pays-Bas. C'est pourquoi la Belgique est considérée comme le plus petit des grands ou le plus grand des petits de l'Europe spatiale."
Y. Ylieff d'exprimer sa grande satisfaction concernant les effets des efforts consentis par la Belgique dans l'espace: au niveau scientifique, il y a une septantaine d'équipes de recherche réparties dans les universités, les établissements scientifiques fédéraux et plusieurs centres de recherche; au niveau industriel, ce sont une quarantaine d'entreprises belges dont l'activité spatiale emploie quelque 1 500 personnes. Il devait constater: "dans le contexte européen de restructuration industrielle, l'industrie belge, représentée au sein d'organisations, telles que Belgospace, le VRI (Vlaamse Ruimtevaart Industriëlen) et Wallonie Espace, doit, pour garantir sa viabilité à long terme, se spécialiser de plus en plus dans le domaine des hautes technologies." Il encourageait le gouvernement belge "à mener une politique de soutien active et cohérente qui vise, d'une part, la création et la stimulation de pôles d'excellence dans des créneaux et, d'autre part, la continuité dans des domaines pour lesquels l'expertise des scientifiques et industriels belges est reconnue."
La résolution que le groupe de travail "Espace" du Sénat va soumettre au gouvernement de l'Etat fédéral insiste sur "la nécessité de renforcer la coopération européenne en matière spatiale afin de répondre à la croise actuelle de ce secteur, crise qui ne découle pas seulement de la mauvaise conjoncture économique mais qui est aussi d'ordre structurel." Elle lui demande, entre autres:
• "d'oeuvrer à l'établissement d'une étroite collaboration entre l'ESA et l'Union européenne qui puisse, à court terme, aboutir à la mise en place d'une politique spatiale intégrée capable d'améliorer le financement, la transparence et la coopération dans le secteur;
• d'intervenir auprès des instances européennes, tant l'Union européenne que l'Esa, afin qu'elles prennent d'urgence des initiatives pour soutenir l'industrie européenne face à la concurrence mondiale, en particulier celle des Etats-Unis, notamment dans le domaine des lanceurs;
• "de veiller, dans le cadre de la restructuration industrielle, à ce qu'il y ait un accès équitable aux technologies;
• d'intervenir auprès des instances compétences afin que continue à être appliqué le principe de "juste retour" qui vaut au sein de l'ESA et qui a contribué à sa réussite;
• d'encourager les partenariats, notamment avec la Russie, dans le domaine des lanceurs et de la technologie, sans compromettre la part de marché commercial accessible à Ariane;
• d'inviter les responsables politiques des Etats participants à mettre en oeuvre sans délai le programme Galileo eu égard à l'importance de ce projet pour la politique spatiale européenne;"
• d'obtenir "un financement suffisant au projet GMES, une capacité d'observation de la Terre véritablement européenne étant d'une importance capitale tant en matière de développement durable qu'en matière de politique étrangère et de sécurité."