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La station ESA de Redu: en pleine campagne ardennaise
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Station de Redu : au cœur des missions satcom et satnav

20/01/2006 1071 views 0 likes
ESA / Space in Member States / Belgium - Français

9 décembre 2005 : la première communication laser, dans les deux sens, entre deux satellites - l’Artemis européen et le Kirari japonais - est établie avec la participation de la station de Redu en Ardenne, qui a accueilli une équipe de la JAXA (Japanese Aerospace Exploration Agency).

12 janvier : les premiers signaux de navigation Galileo sont captés du satellite GIOVE-A en orbite à 23.500 km d’altitude au moyen de l’antenne bande L installée à Redu, en présence d’ingénieurs et techniciens de la société belge Septentrio qui est chargée du développement des récepteurs Galileo.

Ces deux « premières » montrent l’importance pour l’ESA de son unique implantation en Belgique. A partir de 1968, la station de Redu, sur la commune de Libin (Province de Luxembourg), joue un rôle essentiel dans l'exploitation sur orbite d'une grande variété de satellites. Sa mise en place, voulue par les autorités belges, remonte aux débuts de l'Europe dans l'espace. Sous l'impulsion de la société Vitrociset EPB qui y assure les opérations et la maintenance depuis 1982, Redu-sur-espace va-t-il devenir centre d'incubation technologique dans les applications satcom (télécommunications) et satnav (navigation) ? Non loin de là, le zoning d’activités artisanales où l’Euro Space Center propose des activités éducatives et ludiques sur le thème de l’astronautique, est prêt à accueillir les premières PME ayant germé à la station.

Sujet d’inquiétude pour l’Etat belge

Le nouveau Centre technique de VitroCiset EPB
Le nouveau Centre technique de VitroCiset EPB

Des activités cruciales de monitoring de satellites, de tests en orbite, de mise en oeuvre d'opérations spatiales sont effectuées depuis Redu par l'ESA et la société belge Vitrociset. La station fait partie du réseau de poursuite, télémétrie et télécommande de l'ESOC (European Space Operations Centre) de Darmstadt (Allemagne), avec lequel est établie en permanence une liaison à haut débit par fibre optique. Elle coopère avec les centres de Fucino (Italie) et de Villafranca (Espagne). Elle s'est équipée afin de répondre à la demande de services d'opérateurs privés de satellites commerciaux en orbite géostationnaire : Eutelsat, New Skies Satellites, G2 Satellite Solutions/Panamsat. Principal atout : suivre et tester simultanément des satellites positionnés de l'Océan Atlantique à l'Océan Indien.

Le futur de cette implantation de l’ESA a été soulevé au récent Conseil ministériel de Berlin. Dans son intervention, le ministre belge de la Politique scientifique, Marc Verwilghen, a fait part de son inquiétude : "La Belgique attend, non sans une certaine impatience, que l'Exécutif de l’ESA concrétise une décision d'un Conseil ministériel précédent en se penchant enfin sérieusement sur l'avenir de la station de Redu. Celle-ci, avec un portefeuille équilibré de missions traditionnelles et commerciales, doit être valorisée au sein du réseau européen de stations sol."

A la mode du laser entre satellites

"Le 9 décembre, nous avons contribué, avec la JAXA, l'agence japonaise aérospatiale d'exploration (Japan Aerospace Exploration Agency), à une "première" mondiale, au moyen du satellite européen Artemis", note fièrement Benoît Demelenne, ingénieur de l'ESA, responsable des opérations à la station. "Une liaison bi-directionnelle par laser a été établie entre deux satellites, Artemis qui se trouve à 35 800 km et Kirari qui évolue sur une orbite à quelque 600 km. Nous avons pu démontrer l'interopérabilité des systèmes optiques qui sont développés en Europe et au Japon. A l'avenir, nous comptons sur le puissant Alphasat pour continuer à tester la transmission laser de données. Ce mode de communication sera d'usage courant pour les missions d'exploration interplanétaire.". Kirari est le nom donné au satellite technologique nippon OICETS (Optical Inter-orbit Communications Engineering Test Satellite).

La programmation du satellite Artemis pour des communications avec des mobiles est devenue l'une des spécialités de la station ardennaise. "Les applications d'Artemis ne manquent pas, ce qui est bien pour nous. Nous nous préparons à l'utiliser comme réserve, aux côtés des satellites-relais de la Nasa, pour communiquer avec l'ATV (Automated Transfer Vehicle) européen qui servira à la maintenance de la station spatiale internationale. L'hiver prochain, nous allons employer le satellite pour relayer les données en vol d'un engin expérimental qui sera largué d'un ballon à 40 000 m d'altitude au-dessus de la Sardaigne", précise B. Demelenne. Il s'agit de tester la rentrée dans l'atmosphère de l'USV (Unmanned Space Vehicle). Cette mission du programme technologique italien ProRa est réalisée par le CIRA (Centro Italiana Ricerche Aerospaziali). "Par ailleurs, nous avons réservé de la capacité sur Artemis pour le projet wallon Satelbus, un service commercial de bus à la demande en zone rurale."

La station ESA de Redu sert de centre de contrôle pour le micro-satellite « made in Belgium » PROBA-1 qui poursuit dans de bonnes conditions sa mission d’observation de la Terre. Elle se prépare à contrôler le PROBA-2 qui est un mini-observatoire du Soleil grâce à des instruments développés par l’Observatoire Royal de Belgique et le Centre Spatial de Liège. Le segment sol pour cette mission qui doit démarrer durant 2007 sera installé et mis en œuvre par Spacebel.

A l’heure de GIOVE pour Galileo

Première communication bidirectionnelle par laser
Première communication bidirectionnelle par laser

Dans le cadre du programme Galileo, Vitrociset EPB, comme sous-traitant de la société espagnole Indra, a équipé la station pour la phase de validation en orbite des satellites. L'objectif est de mesurer la forme et le niveau des signaux de navigation en bande L, d'étudier les interférences possibles avec les GPS américains et GLONASS russes. Pour les capter, une antenne de 3,4 m de diamètre est placée sous un radôme. Cette installation qui est destinée à tester le deuxième satellite GIOVE (Galileo In Orbit Validation Element) fonctionnera huit heures par jour, lors du passage du satellite dans le ciel de Redu. Elle est disponible comme support du Centre britannique de Surrey qui a développé le premier GIOVE et qui est chargé de son contrôle et de ses tests en orbite. Par ailleurs, Vitrociset EPB, à la tête d'un consortium belge - avec Trasys et Space Applications Services, a un contrat d'ingénierie de logistique pour le segment au sol des matériels de la phase IOV (In Orbit Validation) de Galileo.

"Dans la gestion d'un réseau terrestre de navigation par satellites, notre société a acquis le savoir-faire grâce au programme EGNOS (European Geostationary Navigation Overlay Service), qui est le précurseur de Galileo", explique Gian Carlo Coletta, le directeur de Vitrociset EPB. "On se positionne pour l'intégration et la validation de l'ensemble de l'infrastructure Galileo, qui comprendra une vingtaine de sites, comme pour le réseau de dissémination des données entre le centre de contrôle et les stations de réception." D'autant que la station de Redu est candidate pour les tests en orbite des 30 satellites de la constellation Galileo.

Cap sur Wallonia Space Applications !

Le parc d’antennes VitroCiset EPB pour le système Eutelsat
Le parc d’antennes VitroCiset EPB pour le système Eutelsat

Vitrociset EPB apporte son support à l'essor d'opportunités commerciales qui doivent faire de Redu un pôle technologique d'applications spatiales en matière de télécommunications et de navigation. Le 30 novembre, la station s’est agrandie. Mario Arpino, président du groupe Vitrociset, et Gaele Winters, directeur des opérations et infrastructure de l'ESOC, y ont inauguré un Centre Technique flambant neuf de 1000 m². Construit au coeur de la station avec l'aide de la Région, il est conçu pour accueillir les clients Vitrociset EPB et faire éclore de jeunes PME.

"Nous croyons que la disponibilité de cette infrastructure permettra de répondre dans le futur aux nouvelles demandes du marché et d'exploiter un patrimoine comme catalyseur qui attire d'autres projets et activités", devait préciser M. Arpino, en faisant référence au développement de « spinoffs ». La société Créaction International (Saint Léger) et l'incubateur Wallonia Space Logistics (Liège) sont impliqués, aux côtés du Groupe Idelux et de l'Euro Space Center, dans ce nouvel essor de la station de Redu. Dans le cadre d’actions régionales de reconversion économique, ils proposent l'initiative Wallonia Space Applications d’incubation high-tech en Ardenne, dans le but de promouvoir des nouveaux services qui résultent de la technologie spatiale.

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