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Le directeur général de l'ESA, M. Antonio Rodotà
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Le nouveau rôle de l'ESA : Etre une agence spatiale "pour" l'Europe

18/01/2002 1531 views 0 likes
ESA / Space in Member States / France

A l'occasion de la conférence de presse traditionnelle du début de l'année, Antonio Rodotà, le Directeur Général de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) a souligné l'importance politique qu'a acquis pour l'Europe le programme spatial destiné à être «au service du citoyen européen».

"Nous essayons de changer notre rôle à l'ESA pour tenter d'apporter une réponse réelle aux besoins européens dans le domaine spatial," a déclaré M. Rodotà, qui ajoute, que "les dossiers tels que Galileo, les télécoms, les relations avec l'Union Européenne, sont tous des sujets qui montrent l'effort en cours, en vue d'élargir le rôle de l'agence afin qu'elle soit l'Agence Spatiale POUR l'Europe."

Le directeur général a rappelé, à cet effet, que le secteur spatial avait été affecté en 2001 autant par des facteurs extérieurs, telle la conjoncture économique mondiale, et les attentats du 11 septembre, que par des difficultés inhérentes à ce domaine. En particulier, la crise de confiance dans les milieux financiers des télécoms après les problèmes rencontrés par les projets de constellations de satellites comme Iridium et Globalstar.

"Face à ces difficultés rencontrées dans le secteur spatial, le système public doit jouer un rôle important pour aider à traverser cette crise cyclique. C'est dans cette optique qu'il faut apprécier la conférence ministérielle d'Edimbourg. Non seulement, il faut constater un succès dans l'adoption de nombreux programmes, mais il faut aussi voir pourquoi des programmes spécifiques ont été approuvés, en particulier Galileo, l'observation de la Terre et les télécoms. De tels choix sont susceptibles d'apporter une stabilité économique au système industriel européen, en générant un nouvel élan dans les services, au niveau des usagers et en créant des opportunités économiques importantes pour l'avenir européen", a déclaré M. Rodotà.

M. Jean-Pol Poncelet, directeur de stratégie et relations externes
M. Jean-Pol Poncelet, directeur de stratégie et relations externes

Les deux programmes phares que sont Galileo et GMES (Global Monitoring for Environment and Security), mis en route à Edimbourg, représentent, à eux seuls, 20% de «l'impressionnant montant de 7,8 milliards d'Euros engagé sur les 4 à 5 ans à venir», a encore noté le responsable de l'agence.

Pour sa part, Jean-Pol Poncelet, récemment nommé au poste de Directeur Stratégie et relations extérieures de l'ESA, a expliqué, au cours de la même conférence de presse, le rapprochement en cours entre l'Agence et l'Union Européenne.

"Pour la première fois, le président de la Commission Européenne, Romano Prodi, présent à Edimbourg, a souligné que désormais les moyens spatiaux sont devenus, de fait, un objectif de l'Union Européenne et que l'Europe - pour devenir, selon l'objectif du sommet de Lisbonne, la société de la connaissance et de l'information la plus efficace au monde - doit faire appel aux moyens spatiaux. Et pour ce faire, l'Union a besoin de l'ESA, compte-¦tenu de sa compétence et de son savoir-faire," a indiqué M. Poncelet qui considère en outre que «ce soutien politique marqué de l'Union Européenne (UE) et du président de la Commission est un levier politique formidable pour l'ESA».

D'ici un an, un accord cadre viendra formaliser les accords de coopération entre les deux institutions.

M. Claudio Mastracci, directeur des applications
M. Claudio Mastracci, directeur des applications

A propos de la déclaration de M. Prodi, invitant l'UE et l'ESA à s'intéresser davantage aux problèmes de sécurité, et indirectement de défense, M. Rodota a indiqué que son agence, en coopération avec l'UE et le Conseil de l'Union, allait voir comment les technologies spatiales peuvent être utilisées dans le domaine de la politique étrangère et de la sécurité commune. "Il faut que l'Agence contribue à la sécurité européenne, et cela ne consiste pas à démarrer des programmes militaires, qu'il n'y ait pas de malentendu", a déclaré avec vigueur le Directeur Général de l'ESA dont la convention exclut toute activité militaire.

Le bilan très positif de l'année 2001 a été rappelé évoquant notamment les vols de deux astronautes de l'Agence Spatiale Européenne vers la Station spatiale internationale, le premier astronaute, l'Italien Umberto Guidoni, et le deuxième, la première femme européenne, la française Claudie Haigneré.

En ce qui concerne l'injection sur une orbite plus basse que prévue du satellite de télécommunications Artemis, en juillet dernier, suite à un dysfonctionnement de l'étage supérieur d'Ariane 5, cela pourrait bien se conclure par un succès technologique pour l'ESA. Le prototype de propulsion ionique, dont est équipé le satellite, va lui permettre de rejoindre son orbite géostationnaire prévue au cours de 6 mois de manoeuvres qui commenceront en fin janvier. "Grâce à son double système de propulsion (orbital), le temps de vie d'Artemis sera d'environ 5 ans," a estimé Claudio Mastracci, Directeur des Applications à l'ESA, au cours de la même conférence.

En présentant l'ambitieux programme de l'ESA pour 2002, qui sera notamment marqué par les lancements d'Envisat, Integral de Smart-1 et des missions spatiales de trois Européens, M. Rodotà s'est déclaré confiant quant à la résolution favorable des «dossiers délicats» du projet européen de navigation par satellite Galileo et de la future configuration de la Station Spatiale Internationale avec la NASA.

"Je crois qu'il y a un malentendu," a-t-il souligné,"il faut comprendre qu'il n'y a aucune volonté en Europe de faire une guerre contre les États-Unis concernant le GPS et Galileo. Ce projet doit être un effort de coopération entre les deux pour apporter une réponse, au niveau mondial, à un besoin mondial. Je suis convaincu qu'il n'y a pas d'autre solution (pour l'Europe) que de continuer Galileo et en ce qui concerne l'ESA, nous poursuivons normalement la phase des travaux de développement et de validation du programme. Il reste néanmoins un problème à résoudre avec les Etats-Unis pour lequel il faut trouver une coopération », a conclu M. Rodotà.

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