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Michel Courtois, directeur de l'ESTEC
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Le père de Spot à la tête de la Direction Technique de l’ESA

23/07/2004 3181 views 4 likes
ESA / Space in Member States / France

Depuis le 1er mai dernier, Michel Courtois a été nommé à la direction de l’ESTEC, le centre technique de l’ESA à Noordwijk, aux Pays-Bas.

Cet ancien du CNES et de l’industrie prépare le centre pour les nouvelles missions au service des citoyens européens.

Pour reprendre les rênes de l’ESTEC, le Conseil de l’ESA, a choisi un homme de terrain, bien connu des milieux spatiaux institutionnels et industriels. En 30 ans de carrière au Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), Michel Courtois s’est forgé une solide réputation d’efficacité en laissant sa marque dans la plupart des programmes les plus emblématiques de l’agence spatiale française, de Spot à Ariane.

Jeune polytechnicien, Michel Courtois ne se prédestinait pas particulièrement à faire carrière dans le spatial. En avril 1969, quelques mois avant les premiers pas d’un homme sur Lune, c’est une rencontre avec le Général Robert Aubinière, alors directeur général du CNES, qui l’amène à choisir cette spécialité et à rejoindre le centre de Toulouse.

D’Argos à Spot

Spot 5, le dernier membre de la lignée, a été lancé en 2002
Spot 5, le dernier membre de la lignée, a été lancé en 2002

Lorsqu’il intègre le CNES, l’agence est en pleine mutation, entre la fin du programme Diamant et le début des programmes de recherche et d’applications. « J’ai débuté sur les avant-projets de satellites et en particulier sur le programme Argos, pour la collecte de données émises par des balises réparties sur l’ensemble du globe ».

Il prend part aux premières études pour un satellite d’observation de la Terre. « Nous étions une équipe de 4 ou 5 pour concevoir le système et définir le type de capteur à utiliser » se souvient Michel Courtois. Le résultat sera le programme Spot, réalisé par la France, la Belgique et la Suède et dont la plate-forme sera réutilisée par les satellites ERS (European Remote Sensing) de l’ESA et les satellites de reconnaissance Helios avant de servir de base au développement des plates-formes d’Envisat et de Metop. Devenu chef de projet en 1984, il suit le satellite Spot 1 jusqu’à sa mise en orbite en février 1986 et sa première année d’activité. « Nous avons dû mettre au point les opérations du système Spot. Tout était à inventer, mais le satellite s’est comporté comme dans les simulations. C’était passionnant ».

Petits et gros satellites à Toulouse

SMOS utilisera la plate-forme Proteus
SMOS utilisera la plate-forme Proteus

Michel Courtois prend alors la responsabilité des projets de satellites d’applications du CNES avant de devenir directeur du projet d’avion spatial Hermes dans le cadre de l’équipe intégrée ESA/CNES. Après l’arrêt de celui-ci, il prend la direction du Centre Spatial de Toulouse en 1993. C’est sous sa responsabilité que seront démarrées les activités de mini et microsatellites avec les filières Proteus (prochainement utilisée pour le satellite SMOS de l’ESA) et Myriade, dont le premier modèle vient d’être lancé avec la mission Demeter. Après l’échec du premier vol d’Ariane 5 en juin 1996, il prend la tête de l’équipe chargée du programme de remise en vol du lanceur européen.

Devenu directeur général adjoint du CNES en 1996, il est chargé de l’ensemble des activités techniques et des projets.

En 1999, Michel Courtois quitte le CNES pour l’industrie et devient directeur technique d’Alcatel Space, toujours à Toulouse. « Je m’occupais de la R&D et de la politique produit... En bref, je devais intervenir sur tout ce qui concernait la technique, la qualité et les méthodes ».

Objectif optimisation

L'ESTEC à Noordwijk
L'ESTEC à Noordwijk

Avenant et convivial, connu pour sa modestie et son franc-parler, Michel Courtois prend aujourd’hui la tête de l’ESTEC pour un mandat de quatre ans et ne cache pas son engagement européen : « Il ne peut pas y avoir de programme spatial ambitieux en Europe aujourd’hui qui ne soit européen. Cela nécessite une volonté politique et une meilleure gestion de l’ensemble des ressources européennes consacrées à l’espace ».

Pour Michel Courtois, une des clefs du succès est une amélioration de l’organisation existante. « Il faut optimiser les procédures, instaurer une vraie gestion efficace comme on a réussi à le faire dans l’industrie afin d’accroître l’efficacité et la compétitivité. Cela implique d’accepter certaines remises en cause, de choisir les priorités et de mieux travailler ensemble. L’objectif est de mener à bien les projets en maîtrisant les coûts et les délais ».

« De même, il faut accroître la rigueur et la lucidité dans les phases initiales des projets, et surtout savoir prendre des décisions même si cela est difficile dans un contexte européen ».

« L’ESTEC est un impressionnant réservoir de compétences et de talents, mais il y a beaucoup à faire pour en tirer le meilleur parti afin de répondre aux nouvelles missions de l’agence ». Mener à bien cette évolution est un des défis majeurs du moment, alors que le secteur spatial dans son entier connaît l’une des phases les plus difficiles de son histoire, ce qui lui impose un effort de remise en cause sans précédent. « Cela nécessite une évolution profonde des mentalités. C’est difficile, mais ailleurs ça c’est fait, il n’y a pas de raison de ne pas y parvenir. Jean-Jacques Dordain a indiqué le cap à suivre, quels que soient les aléas du parcours ».

Biographie de Michel Courtois :

Né à Argenteuil (Val d’Oise), le 16 août 1946, marié et père de trois enfants.

Ingénieur Civil de l’Aéronautique, diplômé de l’Ecole Polytechnique en 1966 et de l’Ecole Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace (ENSAE) en 1971.

Entre officiellement au CNES en 1971.

De 1971 à 1974, conduit des études de performances et de dimensionnement du système Argos. Définition des caractéristiques techniques exigées sur les émissions aléatoires des balises au sol et évaluation des performances de localisation et de collecte des données.

Participe aux études d’avant-projet de satellites pouvant être mis en orbite par le lanceur Diamant.

En 1974, responsable des études Analyse de Missions et de l’avant-projet d’un programme d’observation de la Terre. A ce titre, il participe aux négociations avec l’ESA pour plaider le dossier d’européanisation du programme.

Ce travail aboutit à la prise de décision, en septembre 1977, d’engager le projet au niveau national sur la base d’un satellite héliosynchrone Spot, d’une technologie très ambitieuse, devant être lancé par le lanceur européen Ariane, en cours de développement.

De 1978 à 1984, responsable du système et du satellite Spot 1.

De 1984 à 1986, directeur de la division des Satellites Nationaux d’Observation et de Reconnaissance de la Terre, chef de projet Spot 1 jusqu’à son lancement et sa recette opérationnelle en orbite.

De juin 1986 à mars 1989, sous-directeur chargé des activités d’études d’avant-projets et de développement des programmes d’application du CNES : d’observation de la Terre (Spot 2 à 4, Helios, plate-forme polaire et avant-projet d’observation radar), de télécommunications (Télécom 1C et Télécom 2), de télévision directe (TDF-1 et 2), des systèmes de localisation (Locstar, Argos, Sarsat-Cospas, complément européen au GPS) et au système Silex de liaison intersatellite par laser. Le LERTS, laboratoire mixte du CNES/CNRS, est placé sous son autorité.

L'avion spatial Hermes
L'avion spatial Hermes

Avril 1989, directeur du programme Hermes et des vols habités au CNES.

D’août 1990 à février 1993, nommé directeur du programme Hermes à l’ESA lorsque que l’agence décide de créer une équipe mixte installée à Toulouse avec le CNES.

De mars 1993 à octobre 1996, directeur du Centre Spatial de Toulouse.

De novembre 1996 à août 1999, directeur général adjoint du CNES,

Co-préside la Commission de Qualification Ariane 502, après l’échec du premier vol d’Ariane 5, et prend la responsabilité hiérarchique des activités lanceurs au CNES, après 502.

De septembre 1999 à avril 2004, vice-président et directeur technique d’Alcatel Space.

Mai 2004, directeur de l’ESTEC.

D’avril 1993 à août 1999, Michel Courtois a siégé au conseil d’administration de la société Intespace. Il a également été administrateur des sociétés CLS (Collecte Localisation Satellite) de 1995 à 1999, Spot Image S.A. de 1997 à 1999, ainsi que de Spot Image Corporation, sa filiale de Washington, et d’Arianespace, de 1998 à 1999.

Il est également membre fondateur de l’Académie des Technologies.

Officier de la Légion d’Honneur (2000) et de l’Ordre National du Mérite (1991), il a reçu en 1987 le Grand Prix de l’Académie Nationale de l’Air et de l’Espace (ANAE). Il a aussi été distingué à trois reprises par l’Association Aéronautique et Astronautique de France (AAAF) avec le Prix des Jeunes de l’AAAF en 1976, le Prix de la Réussite dédié à l’équipe Spot 1 en 1998, et enfin le Prix 1998 d’Astronautique en 1999.

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