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Jacques Louet en salle Jupiter pour le lancement d'Envisat
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Une médaille pour le père d’Envisat

26/11/2004 1052 views 0 likes
ESA / Space in Member States / France

Depuis près de 33 mois, le satellite Envisat scrute la terre, les océans et l’atmosphère, renouvelant nos connaissances sur la climatologie et sur l’environnement. Un succès remarquable qui vaut aujourd’hui à l’un de ses principaux artisans d’être récompensé.

Le lieu est un symbole en soi : la « Salle des Illustres » du Palais du Capitole de Toulouse. C’est dans ce grand salon dédié aux plus célèbres enfants de la « Ville Rose », par ailleurs capitale française de l’observation de la Terre, que Jacques Louet, va recevoir cet après-midi la médaille d’argent de l’Académie Nationale de l’Air et de l’Espace (ANAE) pour ses travaux en tant que chef de projet sur le programme de satellite environnemental Envisat de l’ESA.

Seule Académie Nationale de France qui ne soit pas basée à Paris, l’ANAE a été créée en 1983 à Toulouse à l’occasion du bicentenaire du 1er vol humain – en montgolfière – par Pilâtre de Rozier et le Marquis d'Arlandes. Elle regroupe des personnalités françaises et de différentes nationalités parmi les plus représentatives du secteur aéronautique et spatial afin de favoriser le développement d'activités scientifiques, techniques, économiques et culturelles dans les domaines de l'Air et de l'Espace. L’un de ses anciens présidents fut Michel Bignier, directeur du transport spatial à l’ESA de 1976 à 1986.

Chaque année, l’ANAE attribue des médailles d’argent aux personnalités dont les activités ont permis d’accomplir des avancées notables dans une discipline contribuant au progrès des domaines aéronautiques et spatiaux. Des médailles de vermeil récompensent également d’autres personnalités pour l’ensemble de leur carrière dans l’air et l’espace.

Envisat, le géant de l’observation

Envisat en orbite
Envisat en orbite

Plus gros satellite jamais réalisé en Europe, Envisat, lancé le 1er mars 2002, a démontré depuis des capacités exceptionnelles. Pesant plus de 8 tonnes au lancement et porteur d’une charge utile scientifique comportant 10 instruments, sa réalisation a représenté un défi unique et pourtant le programme a été accompli en respectant le budget imparti et avec peu de retard par rapport au calendrier initialement prévu, pourtant irréaliste.

« L’Europe avait fait le choix de miser une décennie entière d’observation de la Terre sur un seul satellite » se souvient Jacques Louet. « Avec un programme à 2,3 milliards d’euros, la pression était énorme ». Ce pari terriblement risqué a pourtant été relevé et le succès a été au rendez-vous. Jacques Louet en a été un des artisans.

Cet ancien ingénieur aéronautique, formé à l’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile), entre à l’ESA en 1976 pour travailler sur le projet Aerosat de satellite dédié à l’aviation civile qui ne verra finalement pas le jour. Après avoir contribué à la recette en orbite du premier satellite de télécommunication géostationnaire OTS (Orbiting Test Satellite) de l’ESA, il rejoint en 1980 l’observation de la Terre, pour le programme des satellites-radars ERS (European Remote Sensing). Responsable système et mission d’ERS-1, il ne rejoint le programme Envisat qu’en 1993 pour y jouer un rôle similaire.

« Le plus dur a été de réussir à faire travailler tout le monde ensemble, aussi bien à l’intérieur de l’ESA que chez les industriels, sur une ligne commune » estime Jacques Louet. En 1998, il étend ses responsabilités à la charge utile puis, en 2000, à la plate-forme. « Pour réussir à boucler Envisat, il fallait un chef d’orchestre unique, avant, nous étions trois cuistots dans la cuisine et c’était trop ». C’est donc en tant que chef de projet qu’il voit son gros bébé – de la taille d’un autobus – prendre la route de l’espace au sommet d’Ariane 5. Le lancement est si précis que les réserves d’ergols économisées lors de la mise à poste devraient rallonger la vie du satellite bien au-delà des cinq années initialement prévues.

Un nouveau regard sur la planète

Envisat en préparation à Kourou
Envisat en préparation à Kourou

« Une fois en orbite, la charge utile d’Envisat a démontré une stabilité et une disponibilité digne d’un satellite opérationnel » souligne Jacques Louet. « C’est ce type de capacité que nous voulions démontrer. Je n’ai jamais envisagé Envisat comme un satellite expérimental ».

Cette vision a porté ses fruits car depuis son entrée en service, Envisat ne cesse de révéler un visage encore mal connu de notre planète, démontrant au passage combien les capteurs en orbite sont irremplaçables pour gérer les questions environnementales de notre époque. On ne compte plus les progrès que nous devons à ce dernier géant : une carte dynamique et à haute résolution de la pollution de l’air établie par le spectromètre Sciamachy, la prévision en temps réel du trou de la couche d’ozone grâce à l’interféromètre MIPAS, le suivi de l’avancée des déserts par la caméra Meris ou celui des inondations, des feux de forêts, des glaces dérivantes et des marées noires par le radar ASAR...

Envisat est aujourd’hui la pierre angulaire de tous les efforts de l’ESA pour la veille environnementale, que ce soit l’initiative TIGER pour la gestion des eaux en Afrique, le programme DesertWatch sur la désertification, la contribution à la gestion des crises lors de catastrophes naturelles ou la préparation au programme GMES (Global Monitoring for Environment and Security) avec l’Union Européenne.

L’ESA à l’honneur

Jacques Louet lors de l'ultime répétition pour le lancement d'Envisat
Jacques Louet lors de l'ultime répétition pour le lancement d'Envisat

Ce n’est pas la première fois qu’un représentant de l’ESA est honoré par une médaille de l’ANAE. En 1994, Claude Nicollier, l’astronaute suisse de l’ESA, avait déjà été récompensé pour sa contribution au dépannage du télescope spatial Hubble. Deux ans plus tôt, il s’agissait des équipes de F. Garcia Castaner, à l’ESOC, le centre des opérations de l’ESA à Darmstadt (Allemagne), et d’Horst Lechte, à l’ESTEC, le centre technique de l’ESA à Noordwijk (Pays-Bas), qui avait été récompensées pour leur magnifique sauvetage du satellite Olympus, victime d’une perte de contrôle en orbite géostationnaire.

L’ANAE a également honoré des artisans des programmes de l’ESA, comme Hubert Palmiéri, ancien responsable de la conception, de l’organisation et de la direction des moyens de lancement Ariane à Kourou, ou l’astronome Jean Kovalevsky, instigateur du programme d’astrométrie Hipparcos.

Observatoires du grand froid

L'observatoire Herschel
L'observatoire Herschel

Depuis 2002, Jacques Louet n’est plus en charge d’Envisat, mais il suit ses progrès avec un intérêt constant. « Ce n’est pas un programme qu’on peut oublier », reconnaît-il. Devenu responsable des projets scientifiques à l’ESTEC, il s’apprête à relever de nouveaux défis.

« La science est un secteur très actif, entre SMART-1 et Huygens, nous sommes bien occupés », convient-il. « Le principal défi à relever dans l’immédiat sera de préparer le lancement des observatoires Herschel et Planck en 2007. Ce sont deux satellites très complexes, qui partiront ensemble sur la même Ariane 5 et devront fonctionner à des températures proches du zéro absolu ».

A eux deux, ces deux programmes dépassent le milliard d’euros, un enjeu qui n’effraie pas Jacques Louet : « J’aime bien les petits programmes mais je n’ai pas peur des gros », même s’il s’empresse d’ajouter, sous forme de boutade : « c’est un peu comme avec les enfants, quand ils sont petits ils amènent de petits soucis, et quand ils sont grands, de grands soucis ».

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