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Le satellite Integral qui donne pour la première fois des
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Le centre d'analyse des données du satellite Integral, l'ISDC près de Genève, délivre ses premières images définitives en juille

02/07/2003 709 views 1 likes
ESA / Space in Member States / Switzerland - Français

Le centre d'analyse des données du satellite Integral, l'Integral Science Data Center qui se trouve à Versoix près de Genève, fonctionne parfaitement et délivre depuis peu les premières images aux observateurs.

Lancé en otobre 2002, Integral est un projet majeur de l'agence spatiale européenne, en effet il est conçu pour explorer un domaine encore très mal connu, celui du rayonnement gamma. Contrairement aux images prises dans le domaine visible, les "images gamma" sont difficilement compréhensibles pour les astronomes et doivent donc subir une pré-analyse pour pouvoir être exploitées scientifiquement.

Le défi était de taille pour Thierry Courvoisier, professeur d'astronomie à l'université de Genève et directeur de l'ISDC, en effet c'est la première fois que l'agence spatiale européenne mandate une équipe suisse pour créer un centre d'analyse de données pour un de ses satellites. Il aura fallu plus de 10 ans pour mener à bien ce projet et depuis le premier juillet les premières données définitives sont délivrées aux astronomes. "Nous sommes très satisfaits des performances de notre système d'analyse de données", déclare Thierry Courvoisier, "après le lancement en octobre de l'année passée, la phase de tests s'est déroulée normalement et le système est opérationnel depuis le 1er janvier de cette année avec un taux de réussite de 97%."

Le satellite Integral est conçu pour observer le rayonnement gamma, domaine encore mal connu, mais qui intrigue beaucoup les astronomes. En effet, les rayons gammas qui véhiculent des quantités d'énergie fantastiques sont la signature des événements les plus violents que connaissent notre univers. C'est grâce aux données d'Integral que les scientifiques espèrent mieux comprendre les trous noirs, les galaxies actives et aussi les supernovae, ces fameuses étoiles qui finissent leur vie par une énorme explosion. Toutes les deux heures environ, les quatre instruments qui sont à bord d'Integral envoient à l'ISDC quatre images de la source gamma observée. Il y a d'abord celle de l'imageur, c'est comme son nom l'indique une image de la source dans le domaine gamma, il y a ensuite celle du récepteur de rayons X, et enfin celle du récepteur dans le visible, ces trois images donnent une vision spatiale de la source dans différentes longueurs d'onde. Le quatrième instrument, un spectromètre, envoie quant à lui une image de la distribution de l'énergie des rayons gammas reçus. Le système d'analyse de l'ISDC a donc deux heures pour analyser les quatre images d'une source, avant de recevoir les images de la prochaine source. Il ne peut y avoir de retard, en effet une erreur ou une panne entraînerait une reprogrammation du satellite, ce que les responsables de la mission veulent éviter à tout prix.

Integral permettra de mieux comprendre les phénomènes
Integral permettra de mieux comprendre les phénomènes

Les premières surprises scientifiques ne se sont pas fait attendre. On a par exemple observé pour la première fois des objets qui rayonnent dans le domaine gamma et pour ainsi dire pas dans le X. "C'est très surprenant, c'est comme si l'objet baignait dans une poussière qui absorbe les rayons X et laisse passer les rayons gammas", explique Thierry Courvoisier, "c'est peut-être un système double, composé d'une étoile géante et d'une étoile à neutron."

Integral a aussi été construit pour la détection des sursauts gammas. Il y a comme ça dans le ciel, à un rythme d'environ une fois par mois, ce qu'on pourrait appeler un flash gamma. Il y a donc quelque part dans l'univers des sources qui libèrent des énergies colossales et dont on ne comprend pas bien le mécanisme. Pour avoir une meilleure connaissance de ces sources il est indispensable de savoir à quoi elles ressemblent dans le domaine visible. L'idéal serait de pouvoir observer le sursaut gamma avec Integral, et, en même temps, l'observer dans le visible avec un télescope conventionnel. Le système de l'ISDC essaie d'approcher cet idéal. "Suite à la détection du dernier sursaut gamma, c'était en mai, on a pu donner en 10 seconde la position de la source, et 10 seconde plus tard un télescope optique était pointé sur l'objet", explique non sans une légitime fierté Thierry Courvoisier, "dans ce cas la vitesse de réaction est primordiale car ces bouffées d'énergie sont très courtes, 20 seconde c'est exceptionnel, un temps de réaction de quelques minutes est plus probable."

Comme tout nouveau produit, des améliorations peuvent encore être apportées, tant du point de vue du logiciel que de celui de la connaissance des appareils. Devant cette réussite on ne peut s'empêcher de penser à l'avenir et de demander à Thierry Courvoisier si de nouveaux projets sont déjà entrain de germer. "Oui, certainement mais je pense qu'il faut que de tel projet soit le bébé d'une personne, il faut vraiment s'y consacrer à fond et y mettre toute son énergie. J'ai eu mon bébé, je veux bien partager mon expérience, mais il faut laisser la place à ceux qui ont aussi envie de vivre une expérience aussi enrichissante."

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