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Urs Frei : “La pierre angulaire d’une meilleure comprehension de notre environnement”

23/04/2007 497 views 0 likes
ESA / Space in Member States / Switzerland - Français

Pour la première fois de son histoire, la Suisse accueille un symposium spatial de grande envergure, à Montreux sur les bords du lac Léman.

Organisé par l’Agence spatiale européenne (ESA), ce congrès, qui prend le relais du dernier symposium de Salzburg il y a trois ans en Autriche, accueille dès ce lundi (23 avril) et jusqu’à vendredi, pas moins de 1000 conférenciers de haut niveau en provenance de 50 nations. Responsable des programmes de l’observation de la Terre et de la navigation par satellites (Galileo) au sein du Swiss Space Office, (SSO), Urs Frei évoque les perspectives de développement de l’emploi des satellites environnementaux.

Les satellites d'observation de la terre consacrés à la météorologie comme la série de Meteosat sont bien connus. Pourquoi avons-nous besoin d'un satellite comme Envisat?

Les satellites météo sont, comme leurs noms l’indiquent, destinés à des prévisions pour déterminer par exemple, les caractéristiques des nuages ou la concentration de la vapeur d’eau dans l’atmosphère. Cependant, il y a davantage d’éléments dans notre environnement qui doivent être pris en compte et être mieux compris. Dans ce sens, Envisat, avec ses dix instruments sophistiqués fournit à la communauté scientifique une richesse des données globales.

Pourriez-vous donner quelques exemples?

Envisat observe à la fois l'atmosphère, les océans et la surface terrestre. Par exemple, il peut mesurer la concentration de l’effet de serre, observer l’évolution de la glace dans les mers (icebergs) et la déforestation.

Envisat (vue d'artiste)
Envisat (vue d'artiste)

Envisat sert-il seulement la communauté scientifique ou d'autres bénéficiaires?

A l’origine, Envisat a été conçu pour des missions de recherches. Cependant, avec l'expérience acquise avec ses satellites prédécesseurs ERS-1 et 2, les données d'Envisat sont également employées pour des applications opérationnelles, comme la détermination de la topographie des océans, ou l’observation et la surveillance des désastres. Cela va même jusqu’à repérer des flaques d’huile.

Y a-t-il des applications spécifiques pour des secteurs montagneux?

Oui. Je pense en particulier à l’observation des mouvements de la surface de terre. Grâce à la technique de l’interférométrie (combinaison d’images radars), il est possible de détecter des instabilités de pente et de prévoir des glissements de terrains. Un phénomène qui devient de plus en plus important dans les Alpes.

En cas de catastrophe, une fois les informations repérées par le satellite, comment les données sont-elles récoltées et traitées?

Dans le cas d’un tremblement de terre, il existe une charte internationale pour les désastres majeurs. Il s’agit d’une coopération entre les différentes agences spatiales du monde mettent à disposition leurs données gratuitement aux organisations comme la Croix-Rouge, les Nations-Unies ou les services de protection civile dans les différents états membres. Les données sont transmises aux stations au sol, puis, au sein de chaque pays, il existe une entité qui a le droit de déclencher cette charte.

N’y-a-t-il pas un frein à cette information?

Montreux
Montreux

Le rêve serait d’avoir des cartes thématiques avec les zones inondées ou affectées par les tremblements de terre, dans un laps de temps de quatre à six heures qui suit l’événement. On travaille dans cette direction. Car comme vous le mentionnez, il y a beaucoup d’instances qui sont impliquées : les agences spatiales, les stations d’acquisition et les spécialistes qui traitent les images. Raison pour laquelle on essaie d’améliorer encore davantage l’efficacité de ce processus dans le cadre du programme GMES (Global Monitoring for Environment and Security), une initiative conjointe entre l’Union Européenne et l’ESA.

Envisat a fonctionné pendant plus de cinq années. Que va-t-il devenir ?

L'expérience acquise avec Envisat sera encore développée à long terme. Actuellement, six missions du genre baptisées «EarthExplorer», sont en cours de développement. Chacune d'elles sera dédiée à observer un phénomène environnemental particulier. Par exemple, le satellite CryoSat pour mesurer encore mieux les glaces polaires. Ensuite, l’initiative GMES, pour laquelle l’ESA contribue à la composante spatiale, développera des mécanismes de collecte et de diffusion de données spatiales, et, in situ, en soutien des politiques européennes dans différents domaines comme l'environnement ou la protection civile.

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