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Space Safety

N° 3–2014: Rosetta, la « belle endormie » de l’ESA, est sortie de son hibernation

20 January 2014

Un chapitre de l’odyssée de la sonde spatiale Rosetta dans l’espace lointain trouve un épilogue heureux après une attente éprouvante : plongée dans le sommeil depuis 31 mois, la sonde vient ce soir de reprendre contact avec l’ESA.

Rosetta sera la première mission spatiale à réaliser un rendez-vous avec une comète, à tenter de poser un atterrisseur à sa surface puis à la suivre lorsqu’elle s’approchera du Soleil. Sa cible est la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko.

Depuis son lancement en 2004, Rosetta a survolé trois fois la Terre et une fois Mars afin de bénéficier d’une assistance gravitationnelle lui permettant d’atteindre son objectif, et s’est approchée sur son trajet des astéroïdes Steins et Lutetia.

Rosetta, qui fonctionne uniquement à l’énergie solaire, a été placée dans un sommeil profond en juin 2011, alors qu’elle se dirigeait au-delà de l’orbite de Jupiter, à près de 800 millions de kilomètres du Soleil qui alimentait jusque-là ses panneaux solaires.

Elle est depuis revenue à « seulement » 673 millions de kilomètres de notre astre, ce qui est suffisamment proche pour qu’elle puisse de nouveau bénéficier de son rayonnement.

Aujourd’hui, alors qu’il reste à Rosetta environ 9 millions de kilomètres à parcourir pour atteindre la comète, son réveil interne pré-programmé l’a tirée de son sommeil. Une fois ses principaux instruments de navigation réactivés, sa mise en rotation destinée à la stabiliser s’est arrêtée et la sonde a pointé son antenne principale vers la Terre pour faire savoir aux responsables de la mission qu’elle avait survécu à son épopée dans l’espace lointain.

Ce signal a été reçu par les deux stations sol de Goldstone et Canberra de la NASA à 18h18 TU, la sonde ayant tiré parti de la première occasion qui lui était offerte de communiquer avec la Terre. Ce signal a été immédiatement confirmé par le Centre européen d'opérations spatiales de l’ESA à Darmstadt et le réveil de la sonde a été annoncé ainsi sur le compte Twitter @ESA_Rosetta : "Salut, le monde!"

« Notre chasseur de comètes est de retour », a déclaré Alvaro Giménez, Directeur Science et Exploration robotique à l’ESA. « Grâce à Rosetta, nous allons franchir une nouvelle étape dans l’exploration des comètes. Cette mission exceptionnelle poursuit la série historique de « premières » réalisées dans ce domaine, depuis la réussite technologique et scientifique de notre première mission dans l’espace lointain, Giotto, qui nous a envoyé les premières images prises à proximité du noyau d’une comète, lors de son survol de la comète de Halley en 1986 ».

« Il fallait absolument que le réveil fonctionne », a ajouté Fred Jansen, responsable de la mission Rosetta à l’ESA. « Après une journée d’attente éprouvante, nous sommes ravis que notre sonde soit réveillée et communique de nouveau ».

Les comètes sont considérées comme les constituants primitifs du Système solaire, qui ont probablement contribué à la présence de l’eau sur Terre, et peut-être même au développement de la vie. Mais de nombreuses questions fondamentales sur ces objets énigmatiques restent sans réponse et grâce à son étude exhaustive in situ de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, Rosetta espère percer les secrets qu’elle recèle.

« Toutes les autres missions cométaires ont jusqu’à présent été des survols, qui ont permis de capter des moments fugitifs de la vie de ces corps glacés, qui sont de véritables malles au trésor », explique Matt Taylor, responsable scientifique de la mission Rosetta à l’ESA. « Avec Rosetta, nous retracerons l’évolution d’une comète au jour le jour et pendant plus d’un an, ce qui nous donnera des informations uniques sur son comportement et nous aidera au final à découvrir le rôle joué par ces objets dans la formation du Système solaire ».

Mais il faut tout d’abord vérifier l’état de santé de la sonde. Ce n’est qu’ensuite que les onze instruments de l’orbiteur et les dix de l’atterrisseur seront activés et préparés pour l’étude de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko.

« Nous allons être très occupés dans les mois qui viennent pour préparer la sonde et ses instruments aux défis opérationnels que pose l’étude prolongée et approfondie d’une comète dont nous savons pour le moment fort peu de choses », ajoute Andrea Accomazzo, responsable de la conduite des opérations de Rosetta à l’ESA.

Rosetta devrait envoyer les premières images de la comète en mai, alors qu’elle se trouvera encore à 2 millions de kilomètres de sa cible. Vers la fin du mois de mai, elle effectuera une importante manœuvre d’alignement sur cette dernière en prévision de leur rendez-vous crucial qui devrait avoir lieu en août.

Une fois cette étape franchie, Rosetta procèdera pendant deux mois à une cartographie exhaustive de la surface de la comète, ainsi qu’à d’importantes mesures de sa gravité, de sa masse et de sa forme ; elle étudiera par ailleurs son atmosphère gazeuse, chargée de poussières, appelée coma. L’orbiteur analysera quant à lui l’environnement plasmique et ses interactions avec l’atmosphère extérieure du Soleil, le vent solaire.

Grâce à ces données, les scientifiques choisiront le site où se posera la sonde Philae, qui pèse 100 kg. L’atterrissage, actuellement prévu le 11 novembre, sera le premier jamais tenté sur une comète.

Comme le noyau de la comète, qui mesure 4 km de large, présente une gravité négligeable, Philae devra utiliser des vis et des harpons pour ne pas rebondir et être renvoyée dans l’espace après avoir touché la surface glacée.

Outre les nombreuses mesures scientifiques auxquelles elle procèdera, Philae enverra des images du panorama qui l’entoure, ainsi que des photos très haute résolution de la surface. Elle réalisera une analyse in situ de la composition des glaces et des matières organiques et forera la surface jusqu’à une profondeur de 23 cm afin de prélever des échantillons qui seront analysés par son laboratoire embarqué.

La mission entrera ensuite dans la phase d’« escorte », au cours de laquelle Rosetta accompagnera la comète dans son voyage en direction du Soleil, en suivant l’évolution permanente des conditions à sa surface, au fur et à mesure de son réchauffement et de la sublimation de ses glaces.

C’est le 13 août 2015 que la comète sera au plus près du Soleil, à environ 185 millions de kilomètres, approximativement entre les orbites de la Terre et de Mars. Rosetta la suivra jusqu’à la fin de l’année, alors qu’elle s’éloignera du Soleil et que son activité commencera à décroître.

« Nous allons devoir affronter de nombreux défis cette année lors de l’exploration de ce territoire inconnu qu’est la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko ; je suis certain que les surprises seront nombreuses, mais aujourd’hui, nous sommes tout simplement ravis d’avoir renoué le contact avec notre sonde », déclare Matt Taylor.

1964-2014 : 50 ans au service de la coopération européenne et de l’innovation

En 1964 entraient en vigueur les conventions portant création de l’Organisation européenne pour la mise au point et la construction de lanceurs d’engins spatiaux (ELDO) et de l’Organisation européenne de recherches spatiales (ESRO). Quelque dix ans plus tard, l’Agence spatiale européenne (ESA) était créée à partir de ces deux organisations.

L’année 2014 sera consacrée à la préparation de l’avenir à la lumière de ces cinquante années de succès inégalés qui ont fait de l’ESA l’une des plus grandes agences spatiales au monde.

La devise choisie « Au service de la coopération européenne et de l’innovation » vise à souligner à quel point l’ESA, avec l’aide des délégations nationales de ses 20 États membres, de l’industrie spatiale, de la communauté scientifique, et, plus récemment, de l’Union européenne, a su faire la différence.

Le cinquantenaire de la coopération spatiale est une fête pour l’ensemble du secteur spatial en Europe, qui peut être fier de ses nombreuses réussites. Cet anniversaire montre que lorsque ses États membres poursuivent les mêmes objectifs ambitieux et unissent leurs forces, l’Europe est à la pointe du progrès et de l’innovation, elle s’ouvre alors à la croissance, dans l’intérêt de tous ses citoyens.

 

À propos de l’Agence spatiale européenne

L’Agence spatiale européenne (ESA) est la porte d’accès de l’Europe à l’espace.

L’ESA est une organisation intergouvernementale créée en 1975, dont la mission consiste à gérer le développement des capacités spatiales de l’Europe et à faire en sorte que les investissements dans l’espace bénéficient aux citoyens européens et du monde entier.

L’ESA compte vingt États membres : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. Dix-huit d’entre eux sont également membres de l’Union européenne (UE).

L’ESA a signé des accords de coopération avec huit autres États membres de l’UE. Le Canada participe à certains programmes de l’ESA au titre d’un accord de coopération.

L’ESA coopère également activement avec l’UE à la mise en œuvre des programmes Galileo et Copernicus.

En coordonnant les ressources financières et intellectuelles de ses membres, l’ESA peut entreprendre des programmes et des activités qui vont bien au-delà de ce que pourrait réaliser chacun de ces pays à titre individuel.

L’ESA développe les lanceurs, les satellites et les moyens sol dont l’Europe a besoin pour jouer un rôle de premier plan sur la scène spatiale mondiale.

Aujourd’hui, elle lance des satellites d’observation de la Terre, de navigation, de télécommunication et d’astronomie, elle envoie des sondes jusqu’aux confins du Système solaire et elle mène en coopération des projets d’exploration humaine de l’espace.

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