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VR goggles are desinfected with portable UV-C lights
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A vos marques, prêts, et c’est parti pour un entrainement d’astronaute qui tient compte du COVID !

08/05/2020 1162 views 6 likes
ESA / Space in Member States / France

Après presque deux mois de confinement, il n’y a pas que les élèves qui retournent progressivement en classe. L’astronaute de l’ESA Matthias Maurer a également repris le chemin de l’entrainement au Centre européen des astronautes de l’ESA (EAC) situé à Cologne (Allemagne), un entrainement qui a débuté par un rafraîchissement robotique un peu inhabituel.

Fin avril, Matthias a porté un équipement de protection individuelle et maintenu une distance de 2m avec ses instructeurs lors d’un module d’entrainement qui prépare les astronautes à manipuler des équipements robotiques, comme le Canadarm 2, à bord de la Station spatiale internationale.

Familiarisation avec la manipulation du bras

Le bras robotique Canadarm 2 de la Station spatiale internationale
Le bras robotique Canadarm 2 de la Station spatiale internationale

Le Canadarm 2 est un bras robotisé utilisé durant certaines sorties dans l’espace pour aider les astronautes à se déplacer plus rapidement, transporter des objets ou atteindre des zones difficiles d’accès. Il est également utilisé pour suivre et attraper des véhicules de ravitaillement qui ne peuvent pas s’amarrer automatiquement. Dans ce cas, des membres d’équipage de la Station manipulent le bras pour capturer des véhicules en mouvement qui se maintiennent environ 10 mètres sous la Station.

L’instructeur d’astronautes français Lionel Ferra explique que cette opération est loin d’être simple. « Si l’équipage ne réussissait pas cette capture et endommageait le bras, le véhicule, ou, pire encore, la Station, cela pourrait avoir d’énormes conséquences. La chaîne d’approvisionnement serait perturbée aussi gravement que si un lancement avait échoué. »

« C’est la raison pour laquelle cette opération est celle qui nécessite le plus grand nombre de séances pratiques et de recyclage. »

Deux manières de s’entrainer

Matthias est déjà entièrement certifié pour toutes les opérations robotiques de la Station spatiale internationale, mais pour maintenir ses compétences au plus haut niveau, il s’est entrainé lors de ce module sur deux plateformes différentes : JIVE, le système d’apprentissage en réalité virtuelle développé par l’ESA, et le traditionnel laboratoire d’apprentissage aux habiletés dynamiques (DST).

Grâce à une interface intuitive en réalité virtuelle, JIVE aide les astronautes à mieux comprendre la configuration en trois dimensions du bras robotisé, et la manière dont les opérations se dérouleraient dans l’espace. JIVE permet également l’enseignement collaboratif et à distance afin de réduire les déplacements et les contacts avec les instructeurs, une fonctionnalité qui a gagné en importance pendant la pandémie de coronavirus.

L’astronaute de l’ESA Matthias Maurer s’entraine aux opérations robotiques au moyen du laboratoire d’apprentissage aux habiletés dynamiques (DST) à l’EAC
L’astronaute de l’ESA Matthias Maurer s’entraine aux opérations robotiques au moyen du laboratoire d’apprentissage aux habiletés dynamiques (DST) à l’EAC

Le laboratoire d’apprentissage aux habiletés dynamiques (DST) est une console de simulateur robotique qui permet aux astronautes de réviser et de s’entrainer sur les tâches robotiques principales, tel que l’assistance lors d’une sortie dans l’espace, la commande manuelle du bras, la configuration des modes automatiques, et l’attrapé de véhicule en approche.

Matthias a utilisé pour la première fois le mois dernier le système JIVE en réalité virtuelle. Il a pu effectuer une visite virtuelle de la Station, mettre en évidence différents modules, obtenir des renseignements et visualiser les emplacements de stockage et les caméras à l’extérieur de la Station.

Au-delà de l’aide qu’elle apporte lors de la formation actuelle, Matthias pense que cette technologie a un fort potentiel pour de futures missions, tant pour la conception que l’entrainement.

L’astronaute de l’ESA Matthias Maurer s’entraine au moyen de JIVE, le système d’apprentissage en réalité virtuelle développé par l’ESA
L’astronaute de l’ESA Matthias Maurer s’entraine au moyen de JIVE, le système d’apprentissage en réalité virtuelle développé par l’ESA

« La réalité virtuelle vous permet de vivre une mission et d’explorer de manière immersive, virtuelle, depuis le sol, avant que la conception des différents modules d’une station spatiale soit finalisée. Cela vous permet de vous entrainer à travailler dans de nouveaux modules, ou à effectuer des opérations, avant même que la moindre pièce de métal ne soit travaillée, ce qui sera réellement avantageux pour des missions vers la Lune ou vers Mars » explique-t-il.

Tourné vers l’avenir

Lionel Ferra et Thomas Pesquet lors d'un entraînement début mars, avant l'application des mesures sanitaires liées à l'épidémie de COVID-19.
Lionel Ferra et Thomas Pesquet lors d'un entraînement début mars, avant l'application des mesures sanitaires liées à l'épidémie de COVID-19.

Même si le changement de circonstances dû au COVID-19 a conduit à un renforcement des mesures de sécurité et d’hygiène, dont l’utilisation de lampes UV-C portables pour la désinfection de l’équipement de réalité virtuelle, Lionel explique que cette première incursion de l’EAC dans la formation avec distanciation sociale est un succès.

« Le travail de l’ESA dans le domaine de l’exploration spatiale joue un rôle vital à la fois pour inspirer et soutenir le futur de l’humanité. Nous devons continuer les opérations pour en apprendre plus et aller plus loin, et le fait que nous sommes maintenant en mesure de continuer les entraînements avec juste quelques ajustements nécessaires est une excellente nouvelle pour nos astronautes, le personnel de l’ESA et le futur de l’Europe dans l’espace. »