ESA title
Copernicus Sentinel-6 over Northern Europe
Agency

Sentinel-6, une mission de topographie des océans essentielle dans le contexte du changement climatique

13/11/2020 970 views 10 likes
ESA / Space in Member States / France

Avec des millions de personnes qui vivent sur les littoraux tout autour du monde, l’élévation du niveau de la mer figure en haut de la liste des préoccupations majeures liées au changement climatique, et cette variable climatique ne peut être surveillée efficacement que depuis l’espace.

Des littoraux vulnérables

L'île de Ré, La Rochelle et le Marais poitevin le 6 novembre 2020 (image Copernicus Sentinel-2 via Sentinel Hub)
L'île de Ré, La Rochelle et le Marais poitevin le 6 novembre 2020 (image Copernicus Sentinel-2 via Sentinel Hub)

10% de la population mondiale vit moins de dix mètres au-dessus du niveau de la mer, tant dans de petites communautés côtières que dans des mégalopoles. Sur le littoral européen, qui compte plus de 100 000 kilomètres de côtes, de nombreuses zones côtières à forte densité de population sont vulnérables aux inondations côtières. 

La surveillance du niveau de la mer est essentielle, non seulement pour que les décideurs aient les preuves nécessaires à la mise en œuvre de politiques permettant d’aider à réduire le changement climatique, mais aussi pour que les autorités puissent prendre les mesures nécessaires à la protection des communautés vulnérables. 

Un rythme qui s’accélère

Si le rythme d'élévation cesse d'accélérer, le niveau de la mer aura augmenté de 60 cm d'ici 2100. S'il continue d'accélérer, de 1 à 2 m.
Si le rythme d'élévation cesse d'accélérer, le niveau de la mer aura augmenté de 60 cm d'ici 2100. S'il continue d'accélérer, de 1 à 2 m.

L’élévation du niveau de la mer — 3,2 mm par an en moyenne entre 1993 et 2018 — est l’une des conséquences les plus graves du changement climatique. Plus alarmant encore, le rythme d’élévation accélère ces dernières années — 4,8 mm par an — et les scientifiques pensent qu’il va continuer à accélérer.

Surveiller le niveau de la mer nécessite d’observer en permanence l’ensemble des océans, soit 70% de la surface de la Terre, ce qui n’est possible qu’au moyen de satellites en orbite.

L’altimétrie spatiale, l’outil le plus puissant aujourd’hui à notre disposition

Mesure du niveau de la mer au moyen de l'altimètre radar - fabriqué en France - de Copernicus Sentinel-6 (vue d'artiste).
Mesure du niveau de la mer au moyen de l'altimètre radar - fabriqué en France - de Copernicus Sentinel-6 (vue d'artiste).

Le satellite Copernicus Sentinel-6 embarque un altimètre radar, qui mesure le temps qu’il faut à une impulsion radar pour voyager jusqu’à la surface de la Terre et revenir jusqu’au satellite. Une fois combinées à des données précises de localisation du satellite, les mesures altimétriques donnent la hauteur de la surface de la mer. Développé par l’ESA, l’altimètre radar a été construit par Thales Alenia Space à Toulouse (France).

La suite d’instruments des satellites comprend également un radiomètre à micro-ondes perfectionné qui tient compte de la quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère ; celle-ci perturbe en effet la vitesse des impulsions radar de l’altimètre.

Les satellites atteindront 66°N et 66°S, une orbite spécifique occupée par les missions successives qui ont fourni depuis trois décennies les données de référence sur le niveau de la mer. Cette orbite permet de topographier tous les dix jours 95% des océans non-recouverts de glace.

Assurer la continuité des données

Copernicus Sentinel-6 va prendre le relais des missions successives qui assurent depuis trois décennies l'essentielle continuité du jeu de données.
Copernicus Sentinel-6 va prendre le relais des missions successives qui assurent depuis trois décennies l'essentielle continuité du jeu de données.

Le niveau de la mer était mesuré jusqu’à présent par un ensemble de satellites, notamment dans le cadre des missions franco-américaines Topex-Poseidon et Jason, d’anciennes missions de l’ESA telles que les satellites ERS, Envisat et CryoSat, et par le satellite Copernicus Sentinel 3.

La mission Copernicus Sentinel-6 va prendre le relais et étendre ce jeu de données qui est la référence absolue en matière d’études climatiques. Elle comprend deux satellites identiques qui seront lancés à cinq ans d'intervalle.

Le premier Sentinel-6 a été renommé en hommage à Michael H. Freilich, qui a dirigé les travaux en sciences de la Terre de la NASA. Le satellite Sentinel-6B décollera en 2025, et effectuera ses relevés au minimum jusqu'en 2030.

“Alors que le niveau de la mer s’élève à un rythme alarmant, Copernicus Sentinel-6 va endosser un rôle de premier plan en fournissant des mesures systématiques du niveau de la mer ; cela permettra à la fois de surveiller l’inquiétante tendance à l’élévation du niveau de la mer, et de fournir des informations clés aux décideurs, » explique Josef Aschbacher, Directeur des programmes d'observation de la Terre de l’ESA.

Même si Sentinel-6 fait partie de la famille des missions Copernicus de l’Union européenne, sa mise en œuvre est le fruit d’une collaboration unique entre l’ESA, l'Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT), la NASA et l’Administration nationale américaine des océans et de l'atmosphère (NOAA).

Suivre le lancement en direct

Campagne de lancement: l'équipe de Sentinel-6 pose devant le satellite durant l'encapsulation dans la coiffe
Campagne de lancement: l'équipe de Sentinel-6 pose devant le satellite durant l'encapsulation dans la coiffe

Le lancement du satellite Copernicus Sentinel-6 Michael Freilich est prévu le 21 novembre 2020 à 18h17 CET depuis la base Vanderberg de l’Armée de l’air américaine, en Californie (États-Unis).

Le lancement sera retransmis en direct sur ESA Web TV.

Plus d’informations

Pour plus d’informations sur la mission Sentinel-6, rendez-vous sur www.esa.int/sentinel6 (en anglais)

Webinaire « L’élévation du niveau de la mer et Copernicus Sentinel-6 », modéré par Yves-Louis Desnos de l’ESA, avec Jean-Christophe Gros, responsable de programme à la Commission européenne, Benoit Meyssignac, scientifique spécialiste des océans et du climat au CNES et au LEGOS, Estelle Obligis, responsable des applications marines à Eumetsat Marie-Hélène Rio, scientifique des applications océaniques à l’ESA, et Marion Semblat, présidente de l’association Time for the Ocean.

Six points clés de la mission Copernicus Sentinel-6
Six points clés de la mission Copernicus Sentinel-6