Une technologie spatiale permet de fournir de l’eau potable au Maroc

Le village de Sidi Taïbi, situé prés de Kenitra et à environ 30 kilomètres de Rabat, la capitale du Maroc, s’est agrandi rapidement ces dernières années, ce qui a rendu l’approvisionnement en eau douce problématique car les eaux souterraines sont riches en nitrates et en engrais, et impropres à la consommation humaine.

L’ESA travaille depuis plus de 20 ans à optimiser un système de support de vie en circuit fermé qui traite les déchets, fournit de l’oxygène, de la nourriture et de l’eau aux astronautes. L’une des découvertes effectuées permet de construire et de contrôler des membranes percées de trous d’un diamètre d’1/10000ème de millimètre, soit 700 fois plus fins qu’un cheveu humain. Ces minuscules pores permettent de filtrer les composés indésirables, en particulier les nitrates.

L’Université de Kenitra a cherché avec l'aide d'un partenariat de l'UNESCO comment appliquer ces technologies modernes pour résoudre le problème de l’eau potable.

La société française Firmus s'est appuyée sur l'expérience de l'ESA avec les membranes et a fait équipe avec la société allemande Belectric pour construire un appareil autonome qui fonctionne grâce à des panneaux solaires et une éolienne.

De l’Antarctique au Maroc et à l’espace

Plus les astronautes peuvent recycler, et moins ils doivent emporter avec eux de réserves lors d’une mission. L’une des solutions sur laquelle travaille l’ESA combine des bactéries, des algues, des filtres et de la haute-technologie afin que les organismes produisent de l’oxygène, de l’eau et de la nourriture à partir des déchets.

La difficulté consiste à trouver les bonnes technologies et à les assembler. Au fil des essais, l’équipe de support-vie de l’ESA a découvert des techniques innovantes, qui vont des bactéries qui réduisent le cholestérol à  des méthodes qui permettent de surveiller la production de vin pétillant.

Les membranes organiques de Sidi Taïbi ont déjà prouvé leur valeur dans des circonstances similaires à l’autre bout du monde, en Antarctique. La base de recherches Concordia, située à 1600 kilomètres du Pôle Sud, utilise un système de filtration permettant de recycler l’eau utilisée pour les douches, ainsi que les machines à laver le linge et la vaisselle.

Le système est utilisé depuis 2005 et son fonctionnement ne nécessite que peu d’entretien. La base de Concordia accueille jusqu’à 16 personnes, tandis que la nouvelle installation de traitement de l’eau au Maroc fournira de l’eau pour 1200 élèves. Le surplus d’énergie et d’eau généré pendant les vacances scolaires sera partagé avec la population locale.

Si cette technologie de membrane fonctionne correctement, les installations seront agrandies jusqu’à un facteur de dix pour fournir de l’eau au reste de la population.