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De l'espace à la voiture

05/01/2004 453 views 1 likes
ESA / Space in Member States / France

Des matériaux composites à la navigation par satellite, les automobiles d'aujourd'hui intègrent de nombreuses technologies issues du secteur du spatial ou de l'aéronautique.

Ces trois secteurs industriels, d'une importance stratégique pour l'économie européenne, doivent aujourd'hui relever des défis similaires en termes d'environnement, de sécurité, de communication et de réduction des coûts, révélant de possibles nouvelles synergies.

Les technologies spatiales sont omniprésentes dans les voitures d'aujourd'hui. Les mêmes matériaux composites utilisés dans l'espace servent aujourd'hui à réaliser les cockpits monocoques des véhicules de course, à la fois rigides et résistants au vibrations, et ont également fait leur apparition dans la cellule de véhicules de tourisme. Des matériaux thermostructuraux, comme des céramiques renforcées en fibre de carbone, initialement développés comme protection thermique pour les corps de rentrée, sont utilisés pour réaliser des disques de freinage de haute performance aussi bien pour les avions de lignes que pour l'automobile.

Ce ne sont que quelques exemples des nombreuses « success stories » issues des transferts de technologie qui ont permis de réinjecter les développements des programmes spatiaux au niveau de notre vie quotidienne à la surface de la Terre. Ces technologies spatiales ont ainsi trouvé leur place au sein des équipements automobiles comme l'ABS, l'ESP, les airbags ou même les ceintures de sécurité, en attendant des applications plus ambitieuses comme l'assistance à la conduite par satellite, les piles à combustible ou la voiture solaire.

Début décembre, plus de 200 représentants des industries spatiales, aéronautiques et automobiles se sont réunis à Paris sous l'égide de la ministre française de l'industrie et de la ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies dans le cadre du symposium « Convergence'03 ». Il s'agissait de faire le point sur les capacités et les besoins des trois secteurs dans les domaines de la gestion des projets, des processus de conception, de la maîtrise des risques, des stratégies de recherche et développement, des économies d'énergie, de la sécurité et de la formation.

Transferts technologiques à l'ESA

Sur le rallye Dakar 2003, les technologies spatiales ont protégé homme et équipement des températures extrêmes
Sur le rallye Dakar 2003, les technologies spatiales ont protégé homme et équipement des températures extrêmes

Trouver des débouchés terrestres aux technologies spatiales est une des spécialités de l'Agence spatiale européenne. « Depuis la création de son programme de transferts de technologie en 1990, l'ESA a investi plusieurs millions d'euros pour aider aux retombées technologiques issues du programme spatial dans les industries terrestres », explique Pierre Brisson, responsable de cette activité à l'ESA. Plus de 160 technologies spatiales ont ainsi trouvé une application terrestre et 450 de plus ont été identifiées comme prometteuses.

Par exemple, les technologies de la propulsion à poudre des accélérateurs d'Ariane ont permis à SEVA Technologies de développer une nouvelle génération d'initiateurs d'airbags plus petits et plus sûrs, mais aussi plus faciles à fabriquer et à mettre en oeuvre. Cerise sur le gâteau, ils sont en outre recyclables.

Le SPADD (Smart Passive Damping Device), un système d'amortisseur passif conçu par la société Artec Aerospace pour protéger les optiques très sensibles des satellites des vibrations lors des lancements, a trouvé une application dans le domaine de la course automobile en équipant les voitures de l'écurie Prost F1 pour réduire les vibrations et accroître la sécurité du pilote. Cette même technologie est également appliquée à des bétonneuses pour réduire les nuisances sonores et les chocs mécaniques ! Lors du Grand Prix d'Angleterre 2002, les mécaniciens de l'écurie McLaren étaient équipés de tenues isolantes refroidies par un système de conditionnement d'air développé pour les scaphandres des astronautes.

Comme les grands prix, les rallyes et leurs conditions extrêmes constituent une opportunité unique pour expérimenter des technologies spatiales appliquées à l'automobile. L'ESA a ainsi conclu un partenariat avec le groupe PSA et l'écurie française d'Henri Pescarolo pour tester de nouveaux équipements lors du rallye Dakar 2003 et de l'édition 2003 de la course d'endurance des « 24h du Mans ». Parmi ceux-ci, des nouveaux isolants thermiques, une coque Composite,un système de refroidissement pour l'équipage et un conteneur auto-réfrigérant.

L'avenir, ce sera aussi la voiture propre. Une nouvelle fois, l'ESA a fait la preuve de la validité des technologies spatiales. Aux prochains « 24h du Mans », l'écurie Idée Verte pourrait faire courir une voiture carburant au gaz de pétrole liquéfié et lubrifiée à l'huile de tournesol. Parmi les technologies spatiales apportées par l'ESA à ce bolide capable d'atteindre 310 km/h, une cellule en kevlar, des protections thermiques, des réservoirs ultralégers, un système de sécurité assisté par ordinateur...

Nuna 2, en route pour la victoire au soleil!
Nuna 2, en route pour la victoire au soleil!

Moins rapide mais encore plus propre, les voitures solaires Nuna et Nuna 2 ont remporté les deux éditions successives du World Solar Challenge, en novembre 2001 et octobre 2003. Cette course de 3010 km, réservée au véhicules solaires, se déroule tous les deux ans, en Australie. Alimentées par des cellules solaires à l'arséniure de gallium à triple jonction (similaires à celles de la sonde Smart 1) et des batteries lithium-ion, les Nuna ont établi des nouveaux records, « même si l'obligation de respecter les limitations de vitesse ne leur a pas permis d'atteindre leur vitesse de pointe théorique de 170 km/h ! » note Pierre Brisson.

Un aperçu du futur

Le symposium Convergence'03 a permis de mettre en lumière d'autres applications étonnantes, comme ce « pare-soleil » interactif et intelligent, dérivé des filtres optiques utilisés sur les satellites, et capable de réduire voire d'occulter l'éclat des sources d'éblouissement mais aussi d'amplifier les sources faibles, ou encore cette technologie de stérilisation de l'air par plasma utilisée pour détruire les micro-organismes dans la Station Spatiale Internationale et qui pourra être appliquée à bord des avions de lignes ou des trains, réduisant ainsi les risques d'exportation des épidémies.

Un grand nombre de présentations ont également porté sur la modélisation, les matériaux, les méthodologies et les procédés industriels où de nombreuses avancées faites dans l'un des trois secteurs - spatial, aéronautique ou automobile – sont susceptibles de trouver des applications dans les deux autres.

Le rapprochement initié est loin d'arriver à son terme. Les présentations du symposium laissent entrevoir une voiture du futur alliant moteur propre et cellule composite intelligente, éventuellement associée à des dispositifs pyrotechniques de sécurité qui ne se limiteront plus aux seuls airbags. Silencieuse, non-polluante et sûre, elle combinera télécommunications cellulaires et positionnement par satellite pour offrir toute une panoplie de services à l'automobiliste, y compris des services d'urgence ou de prévention, car elle sera également capable d'effectuer son auto-diagnostic pour analyser et prévenir les pannes, tout cela grâce à des technologies développées initialement pour l'aéronautique et le spatial.

Pour plus d'informations, veuillez contacter:

Pierre Brisson
Programme de transfert de technologie de l'ESA
Tél. : +31 71 565 4929
Fax : +31 71 565 6635
Courriel : pierre.brisson@esa.int

Programme de Transfert de Technologies http://www.esa.int/ttp/

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