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Survol virtuel du Parc national des Volcans élaboré à partir des données du BEGo
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Les satellites dressent la carte de la Région des Volcans

02/07/2004 832 views 0 likes
ESA / Space in Member States / France

Les spécialistes de la protection de la nature ont pu commencer à regarder les premiers produits cartographiques satellitaires qui montrent l’habitat, quasi inaccessible, des gorilles de montagne d’Afrique à un niveau de détail jusque là inégalé. Les versions opérationnelles de ces prototypes vont permettre d’aider les survivants de l’espèce, quelques 700 tout au plus, à continuer de vivre.

« C’est fascinant de voir certains des produits que nous allons par la suite pouvoir utiliser sur le terrain » souligne Maryke Gray, officier régional de suivi du Programme International de Conservation des Gorilles (PICG). « La zone concernée est un massif volcanique souvent difficile d’accès, et la plupart du temps, les rares cartes disponibles datent de plus de trente ans, sont fausses, et pour certaines parties du territoire, nous n’avons pas de cartes du tout ».

Dennis Babasa, coordinateur du suivi écologique de l’Institut de Conservation de la Forêt Tropicale en Ouganda, ajoute : « Ces cartes, nous avons voulu les faire par le passé, mais nous n’avions absolument pas les outils nécessaires. La télédétection est une aide précieuse dans notre travail ».

Un bébé gorille
Un bébé gorille

Les gorilles des montagnes se trouvent dans les forêts d’altitude qui recouvrent une région à cheval sur les frontières du Rwanda, de l’Ouganda et de la République Démocratique du Congo. Cette région regroupe cinq parcs nationaux dont trois ont été classés ‘Sites du Patrimoine Mondial’ par l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), tandis que les deux autres sont sur la liste des sites envisagés pour classement.

Cependant, les conflits politiques régionaux ont provoqué l’arrivée massive de réfugiés dans les zones qui jouxtent les parcs. La destruction des forêts pour cultiver les terres ou récolter du bois sans parler du braconnage illégal pour la nourriture, menace les parcs et réduisent l’habitat naturel des gorilles.

Les parcs sont difficiles à protéger car leur pourtour est immense et se situe dans des zones quasiment inaccessibles et souvent à peine topographiées. Un projet dirigé par l’ESA, le ‘Build Environment for Gorilla’ (BEGo) fait appel aux techniques d’Observation de la Terre pour cartographier la région et aider les organismes de conservation qui travaillent dans les parcs ou les zones limitrophes.

Les 10 et 11 juin, des représentants des partenaires du projet BEGo, dont le PICG, l’UNESCO, le Bureau du Programme du WWF pour l’Afrique Orientale (WWF-EAPO), Institute Congolese of Nature Conservation (ICCN) et l’Institut pour la Conservation de la Forêt tropicale de l’Ouganda (ITFC), se sont réunis à l’Institut de Recherche Spatiale Européen (ESRIN) à Frascati près de Rome pour examiner les premiers résultats disponibles.

La zone de couverture du BEGo
La zone de couverture du BEGo

Ces premiers produits comportent une carte de base à l’échelle 1:50000, une carte de couverture du sol et un modèle d’élévation numérique (DEM) de la zone limitrophe du Parc national des Volcans au Rwanda.

La carte de base était disponible en version papier pour les travaux de l’atelier d’évaluation de deux jours. En outre, la carte de base et la carte de couverture du sol ont été superposées avec le DEM pour donner une représentation en trois dimensions de la topographie et pour qu’ils puissent se familiariser avec les produits, les partenaires du BEGo ont eu droit à une simulation de survol de la zone, grâce aux installations du ‘théâtre de réalité virtuelle’ de l’ESRIN.

Cette session a marqué la fin de la première phase du projet BEGo explique Mario Hernandez de l’UNESCO : « Le projet jusqu’à présent a fourni des ‘prototypes’. Cette réunion avait donc pour but d’étudier ces prototypes pour voir si ça valait la peine de continuer ou pas».

« Ce qui est passionnant, c’est que maintenant nous allons aller plus loin, nous entrons en fait dans la phase de production de toutes les cartes pour toutes les régions retenues dans le cadre du projet BEGo. Le test des ‘prototypes’ a donc été concluant ».

Les volcans du Virunga
Les volcans du Virunga

Gray ajoute : « Ce que nous faisons ici c’est que nous nous servons de l’expérience acquise pour repérer de petites erreurs de classification et autres problèmes semblables. Le travail est fait à 95%, avec encore des choses à régler sur les 5% restants. Les nouveaux produits vont de toute évidence être précieux pour coordonner les patrouilles et activités de ce genre. Nous avons maintenant une carte qui couvre la région commune aux trois pays alors qu’auparavant nous étions obligés d’utiliser des cartes nationales dont les échelles n’étaient pas les mêmes ».

Marc Languy du WWF-EAPO souligne l’étendue de la zone couverte : « La carte va bien au delà des limites des parcs, ce qui reflète le fait que les parcs ne peuvent pas être traités comme des îles mais qu’ils font partie intégrante d’un ensemble plus vaste et qu’il faut se préoccuper des besoins de développement des populations implantées dans la région et proposer des solutions autres que l’utilisation des ressources des parcs qui est destructive et à court terme ; la cartographie peut aider énormément, par exemple pour planifier l’écotourisme qui peut aider les populations locales à vivre ».

La phase suivante prévoit l’extension de la couverture à la totalité de l’habitat des gorilles de montagne : le Parc national de Kahuzi-Biega, site du Patrimoine mondial, le Parc national des Virunga, également site du Patrimoine mondial, le Parc national site du Patrimoine mondial de la République du Congo ainsi que le Parc national site du Patrimoine mondial de Bwindi et enfin le Parc national de Mgahinga en Ouganda ; il faut y ajouter la mise à disposition de cartes associées montrant les changements intervenus dans la couverture du sol depuis1990.

« La pression démographique reste forte aux alentours des parcs : les résultats cartographiques pour le changement de la couverture du sol vont nous aider à repérer les zones menacées » ajoute Hernandez. « Pour aller plus loin, on peut évidemment envisager d’étendre les techniques du BEGo à d’autres sites menacés du Patrimoine mondial – trois autres pour la seule République du Congo qui vont être cartographiés de la même manière ».

L’année dernière, l’ESA et l’UNESCO ont officiellement conclu un accord d’utilisation des technologies spatiales au service de la Convention sur le Patrimoine mondial. D’autres agences spatiales participent à ce projet : le Bureau belge de la Politique scientifique va utiliser la technologie spatiale pour dresser la carte de tous les sites du Patrimoine mondial en République Démocratique du Congo, les données et l’expérience acquise étant entièrement partagées avec le BEGo.

Le BEGo est une activité de ‘Démonstration de service’ qui entre dans le cadre des ‘Eléments utilisateurs des données’ de l’ESA, avec pour principal maître d’oeuvre la société néerlandaise Synoptics.

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