Comment sensibiliser les jeunes à l’espace ?

Cette association s’est donné pour objectif de sensibiliser les jeunes aux défis et aux retombées de la science et de la technologie spatiales.

Ce symposium, axé sur l’intérêt du vol spatial habité, était l’occasion de faire le point sur l’importance des moyens éducatifs à mettre en oeuvre pour que les acteurs les plus importants de l’astronautique puissent répondre aux besoins de l’enseignement en matière de découvertes et d’applications de l’espace. Il a réuni quelque 170 personnalités, spécialistes, enseignants et étudiants.

"Qu’il soit permis de rêver"

Parmi les invités au Symposium, qui se sont associés aux astronautes belges Dirk Frimout, le Président de l’ESF et Frank De Vienne, l’astronaute belge de l’ESA, on avait l’astronaute de l’ESA Reinhold Ewald d’Allemagne et le candidat-astronaute de la NASA Leland Melvin. Celui-ci, qui s’entraîne pour son premier vol, fait partie de l’équipe des astronautes éducateurs.

L’astronaute française Claudie Haigneré, qui a volé à deux reprises à bord du vaisseau Soyouz et qui est Ministre déléguée aux Affaires européennes, a pris part à la célébration du 10ème anniversaire sous la forme d’une video dans laquelle elle soulignait l’importance de l’initiative lancée par Dirk Frimout.

De son côté, le Ministre belge de l’Economie, de l’Energie, du Commerce extérieur et de la Recherche scientifique, a insisté sur ce fait: “Qu’il nous soit permis de rêver. Plus encore : nous devons rêver et ne pouvons pas rester les deux pieds sur terre. C’est ce qui explique le succès de notre développement dans le domaine spatial”.

Pour le Ministre Verwilghen, il est particulièrement essentiel d’encourager les jeunes à suivre une formation dans les sciences et les techniques "L’astronautique est une discipline unique à haute valeur ajoutée qui peut et qui doit stimuler la curiosité scientifique et l’intérêt technologique". . Il a par ailleurs souligné l’importance de la communication dans ce secteur, pour diffuser et partager les résultats obtenus.

L’astronautique, source d’inspiration

"Pour l’enseignement, l’astronautique peut encore offrir davantage”, a noté Dirk Frimout. "Mais le dialogue avec l’enseignement n’est pas toujours facile. L’ESA et les autres organisations spatiales mettent en oeuvre beaucoup d’actions éducatives, mais elles ne trouvent pas toujours le bon chemin dans les écoles." Néanmoins, l’astronautique reste une formidable source d’inspiration pour impliquer les jeunes de tous âges.

De très beaux exemples ont été décrits: les classes de l’espace qui sont organisées à l’Euro Space Center de Transinne-Libin (Province de Luxembourg) et auxquelles près de 10 000 élèves ont participé, l’International Space Camp à Huntsville (Alabama) qui, chaque année, fait participer un enseignant et deux étudiants de Belgique à un camp international sur le thème de l’espace, le concours Eduproba qui a sensibilisé des écoles de l’enseignement secondaire à l’utilisation du premier petit satellite ‘made in Belgium’.

La Belgique s’est dotée d’autres outils d’éducation à la dimension de l’espace, comme le Planétarium de Bruxelles (qui dépend de l’Observatoire royal de Belgique) et le tout nouveau Earth Explorer d’Ostende (dû à la Fondation Dirk Frimout).

De l’étoffe de héros (the right stuff) à l’équipe de bons spécialistes (the right staff)

Le Symposium a passé en revue les activités qui servent à mettre au contact de l’astronautique les jeunes des études supérieures, les élèves dans l’enseignement primaire et secondaire, ainsi que le grand public. Dans les différents exposés, il a été à maintes reprises question du vieillissement dramatique des équipes d’ingénieurs et chercheurs du domaine spatial et de la nécessité impérieuse de rajeunir le personnel des secteurs de l’astronautique.

D’après Philippe Willekens qui est responsable des projets dans le Département Education de l’ESA, il faut "inspirer tous les jeunes des différents âges, les motiver autour de nouvelles idées, les mettre face à des défis et les préparer à une carrière dans l’astronautique." De ce point de vue, se révèlent fort intéressante la réalisation de microsatellites, comme SSETI Express et ESEO (European Student Earth Orbiter) dans le cadre du programme SSETI (Student Space Exploration and Technology Initiative) de l’ESA.

Des étudiants d’une douzaine de pays européens sont partie prenante dans ce programme qui prévoit les lancements de SSETI Express en mai 2005 et d’ESEO en décembre 2006. Entre autres activités : le programme YES (Young Engineers Satellite) d’étudiants pour tester le décrochage d’orbite grâce à un câble, les victoires en Australie de la voiture solaire Nuna de l’ESA et de l’Université de Delft, ainsi que les travaux pratiques de l’ISU (International Space University) à Strasbourg.

L’astronaute Reinhold Ewald a eu cette phrase qui résumait bien l’actuelle demande de l’astronautique: "Nous ne cherchons plus 'the right stuff' [c’est-à-dire de l’étoffe de héros] mais 'the right staff' [l’équipe de bons spécialistes]". L’astronaute américain Leland Melvin a surenchéri en ajoutant dans sa présentaiton des actions éducatives de la NASA : "Nous devons veiller à avoir des gens de qualité dans le pipeline."

Mise en place d’un réseau européen

Roger Elaerts, qui dirige depuis quelques mois le nouveau Département Education de l’ESA, reconnaissait les nombreuses initiatives prises dans les différents Etats membres de l’ESA en matière d’éducation et précisait que la Convention de l’ESA prescrivait comme une tâche de l’agence la mission d’aide à l’éducation. "Un réseau dans le cadre européen devrait coordonner et faciliter les initiatives des Etats membres, car nous ne savons pas toujours ce que nous pouvons leur offrir.". Il a dévoilé le projet de mise en place pour 2005 d’un ‘European Space Education Centre’, un réseau d’éducation à l’espace, constitué de points de contact nationaux, qui sont organisés par les Etats membres. Il a annoncé que la Belgique figurait parmi les trois nations pilotes - aux côtés de l’Allemagne et de l’Espagne - pour lancer ce réseau. "Nous avons en tout cas l’appui de la Commission européenne et il y a aux Pays-Bas une réelle volonté de mener à bien ce concept."

En Belgique, le Service public fédéral de Programmation de la Politique scientifique a pris en charge des projets en matière d’éducation spatiale, notamment avec le périodique Science Connection qui intègre la revue Space Connection. Cette publication qui existe depuis 15 ans s’efforce sous la forme de dossiers thématiques de sensibiliser les jeunes, les enseignants et les chercheurs aux développements en cours des activités spatiales. Paraissant en français et en néerlandais, elle est devenue une référence en matière d’informations sur l’astronautique.

Place à l’espace dans la société de la connaissance

L’astronaute belge de l’ESA Frank De Winne a clairement défini ce qu’il fallait attendre de l’éducation spatiale: "Si l’Europe est bien décidée à être la première comme société de la connaissance, il faut qu’elle se fasse avec des jeunes qui soient stimulés par les défis à relever. Une société qui ne met pas l’exploration en point de mire fait du sur place, voire fait marche arrière." Et d’insister sur l’importance du vol spatial habité: "Un robot sur Mars est incapable de raconter ce qu’il y fait. Seul l’Homme est en mesure de le faire."