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Vlaamse Ruimtevaart Industriëlen (VRI)
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Pour VRI, l'association des industriels flamands de l'astronautique, la recherche spatiale n'est point une activité marginale

29/07/2002 431 views 0 likes
ESA / Space in Member States / Belgium - Français

Quand on parle d'astronautique, le grand public pense tout de suite à des activités expérimentales, à des projets de recherche fondamentale dans l'espace, comme à des retombées technologiques, comme la fameuse poêle en teflon à laquelle rien n'attache.

Mais, par ailleurs, l'astronautique est en soi un business en pleine expansion. La Flandre - la Région flamande de Belgique - entend tirer parti de ce business. Voici les explications données au cours d'une conversation avec Hans Bracquené, l'administrateur-délégué du VRI (Vlaamse Ruimtevaart Industriëlen)

L'association VRI regroupe plus d'une vingtaine d'entreprises et centres de recherche en Flandre qui ont des activités dans le domaine de l'astronautique. Créée en 1995, VRI défend les intérêts de l'industrie spatiale flamande. Pour son administrateur-délégué Hans Bracquené, il est essentiel que les entreprises flamandes s'impliquent dans le partage des moyens financiers de l'ESA dont la Belgique est un Etat membre.

A quoi sert une association comme VRI?
Cela tient à la structure et à l'histoire de notre pays. En Belgique, le séparatisme concerne bien des activités et il existe des intérêts spécifiques flamands. Ceci concerne entre autres l'industrie spatiale flamande. VRI a été mis en place pour défendre les besoins de cette industrie. Grâce à son appui, on a alloué plus de moyens à la Flandre, ce qui lui a permis de réaliser un projet de satellite, comme PROBA pour l'ESA.

Quelles sont les spécificités flamandes en astronautique?
En premier lieu, il existe des entreprises souvent nouvelles. Ce sont de nouveaux acteurs sur le marché. Ces entreprises ont du mal à obtenir le support financier suffisant. Nous voulons que les acteurs nouveaux, ainsi que ceux qui existent, aient le retour correct auquel donnent droit les moyens de l'ESA, des moyens financés par l'autorité fédérale belge. Mais nous n'entendons pas nous limiter à cette exigence. Pour VRI, c'est également la philosophie de la niche [technologique] qui compte. Ceci nous permet d'acquérir une position de force sur des domaines précis, à partir du savoir-faire technologique. Nous allons nous exprimer là où nous sommes forts et là où nous voulons être soutenus.

Dans quels domaines se positionne la Flandre avec force?
Il en va:

  • des systèmes de télécommunications
  • de l'infrastructure qui va des expériences à bord de vaisseaux jusqu'à des systèmes complets de mini-satellites comme PROBA
  • du développement de logiciels pour des équipements d'engins spatiaux ou de stations au sol
  • des prestations de services pour l'emploi d'images et de données des satellites dans des domaines comme la cartographie ou pour le secteur des télécommunications

Avec cette politique de la niche, nous voulons avoir quelque chose à offrir et nous entendons bien avoir le soutien satisfaisant. VRI cherche par ailleurs à faire collaborer les entreprises. Le nombre de liens de coopération entre les acteurs du spatial en Flandre s'est renforcé avec l'avènement du VRI.

Hans Bracquené de VRI: l'astronautique est un secteur industriel avec un marché commercial
Hans Bracquené de VRI: l'astronautique est un secteur industriel avec un marché commercial

Et c'est là qu'il faut voir les avantages du VRI?
Oui, car il s'agit souvent de mettre de petits acteurs sur le marché. S'ils veulent atteindre le niveau de tout un système, ils sont obligés de travailler ensemble.

L'astronautique n'est-elle pas une affaire coûteuse pour le contribuable?
Quand VRI a été mis en place, notre chiffre d'affaires tournait aux environs de 50 millions d'euros. Il a triplé aujourd'hui, tandis que la part des aides publiques a fort diminué. Au début du VRI, ces aides représentaient presque 100 %. Maintenant, elles sont sous les 50 %, soit environ la moyenne de ce qui se pratique dans le monde. Ainsi, du chiffre actuel de 150 millions d'euros, on a environ la moitié qui vient directement du marché commercial. Pour le reste, l'Etat est client, par exemple pour acheter l'équipement nécessaire à une expérience et il y a le soutien, dans les budgets pour l'astronautique, pour les activités de R & D (Recherche et le Développement). On peut donc dire que nous sommes un secteur qui s'affranchit de l'Etat.

Quelle relation avez-vous avec l'Etat fédéral?
Je ne conteste pas que la relation soit quelque fois tendue, surtout quand il s'agit de répartir les budgets. De façon générale, nous sommes satisfaits du travail de la délégation belge à l'ESA et la loyauté se fait dans les deux sens. Disons tout de même que dans les programmes où la Belgique est de loin le plus grand partenaire financier, nous pourrions être mieux capables d'avoir notre place.

Et votre relation avec l'ESA?
Si la Belgique doit naturellement être Etat membre de l'ESA, le problème pour notre pays est que nos efforts en astronautique sont dirigés de façon unilatérale vers l'ESA. Par exemple, le satellite PROBA que nous avons réalisé pour l'ESA est selon nos normes un grand projet et l'ESA a certainement fourni sa contribution. Mais également pour réaliser des projets plus petits, nous devons passer par l'ESA. Il est clair que l'astronautique en Europe et surtout en Belgique ne pourrait se faire sans l'ESA, ce qui se fait maintenant.

Peut-on envisager des efforts de la Flandre ailleurs qu'en Europe, pourquoi pas dans le monde ?
Relativement modestes sont nos efforts, vu que la Région flamande est petite à l'échelle mondiale. Mais il y a une place pour la politique de la niche de nos entreprises. Les résultats se traduisent certes non pas dans un grand chiffre d'affaires global, mais ce qui importe est que les entreprises peuvent grandir au sein d'une niche. Ainsi est venu à son heure un projet comme PROBA. Certains de nos membres réussissent à faire connaître leurs produits dans le monde.

Quels objectifs pour l'avenir?
Ce qui nous intéresse avant tout est de récolter des contrats. Nous voulons sans plus renforcer la politique de niche et la valoriser sur le plan commercial.

Avez-vous le soutien de la Flandre pour ces objectifs?
Il semble curieux - mais en Belgique, ce ne l'est pas - que l'astronautique est une compétence de l'autorité de l'Etat fédéral. Certes, la compétence de coopération internationale concerne l'Etat belge. Mais l'autorité fédérale n'a pas à organiser un programme national de soutien. Il s'agit d'une matière régionale. La Flandre a récemment mis en place un programme d'innovation dans lequel elle consacre un soutien au secteur aérospatial. Il s'agit d'une part de couvrir le préfinancement, de façon limitée, des frais uniques que doit supporter une entreprise lors du démarrage d'une production dans les domaines aéronautique et astronautique. D'autre part, il y a le financement des coûts spécifiques du transfert de technologies aux besoins aérospatiaux. C'est en fait la première fois que l'autorité flamande a son propre programme de développement aérospatial.

Etes-vous concerné par la mission de Frank De Winne dans l'espace qui est prévue en octobre?
Evidemment. Ainsi l'un de nos membres, la société Verhaert, fournit diverses expériences. Alors que le vol coûte beaucoup d'argent, le terme "astronautique" touche toujours, en Flandre et ailleurs dans le monde, le grand public. A nos journées de l'astronautique, viennent assister des milliers de personnes. L'astronautique intéresse les gens. Mais à cette occasion, les gens peuvent souvent percevoir une mauvaise image de l'astronautique. Ils ne comprennent pas si vite que l'astronautique est un secteur industriel avec un marché commercial. Ils doivent comprendre que ce n'est plus le temps de Tintin sur la Lune.

Vous y voyez un avantage?
Bien évidemment, pour un marché où joue la compétition. Les entreprises ne peuvent pas se permettre de faire de l'astronautique dans l'intérêt de rechercher du prestige. L'astronautique est l'un des principaux secteurs de croissance économique dans le monde. Et là, nos entreprises veulent être présentes pour renouveler leur capacité technologique. C'est d'ailleurs pourquoi VRI comme groupement d'entreprises est si important. Les objectifs scientifiques ont également leur importance, mais pour nous ce n'est pas primordial. Nous apportons notre soutien à la recherche, mais ce n'est pas la première mission d'une association industrielle comme la nôtre.

Pour terminer, pouvez-vous dresser un bilan de votre action?
La première fois que j'ai traité un dossier concerant l'astronautique, c'était pour un montant d'à peine 8000 euros. C'est un exemple. Maintenant quelques-uns de nos membres sont des acteurs d'envergure mondiale avec une croissance exponentielle pour un chiffre d'affaires de dizaines de millions d'euros. Voilà pour nous le beau bilan. De la recherche expérimentale et retombées technologiques dans l'espace aux applications spatiales - sur lesquelles l'autorité publique s'est trop investie dans le passé - l'astronautique repose désormais sur le marché commercial. C'est ce qui nous occupe essentiellement. L'astronautique comme affaire commerciale n'est plus une activité marginale.

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