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Opinions sur l'Espace

03/10/2001 349 views 0 likes
ESA / Space in Member States / France

Cette semaine, c'est avec Jean-Jacques Dordain, Directeur des Lanceurs de l'ESA, que nous discutons de l'Espace.

Qu’est ce qui fait qu’on se passionne autant pour l’espace?

On se passionne toujours davantage pour ce qui est inconnu que pour ce qui est connu, c’est évident. L’espace est encore, sans doute, synonyme d’aventure. Plus personnellement, je suis convaincu que le futur de l’humanité est très dépendant de l’espace et de notre capacité à savoir l’utiliser. C’est un monde tellement prenant, où l’on manie des technologies qui ne sont pas routinières, et où l’on ne cesse de faire tomber des frontières. La Lune est aujourd’hui à trois jours de la Terre, c’est notre banlieue. Il y a cent ans, c’est le temps qu’il fallait pour aller de Paris à Marseille. Et puis, l’espace est un monde de passionnés, une petite famille où tout le monde se connaît. Je connais d’ailleurs très peu de gens qui ont quitté cette famille.

De la conquête de la Lune à celle de l’orbite commerciale, on est passé ces 40 dernières années du pionnier au business, selon vous, que nous réserve le futur?

On aura toujours un mouvement de balancier entre les deux, entre l’aspect aventure et celui, plus terre à terre, de l’utilisation. Mais ce n’est pas propre à l’espace. Prenez la conquête de l’Ouest : on a commencé par une ruée sauvage, vers l’aventure, avant d’exploiter le terrain, de l’or aux champs de pétrole. En tout cas, je ne pense pas que l’utilisation commerciale de l’espace ait chassé l’esprit d’aventure. Il n’y a pas incompatibilité. La conquête est à l’image de chacun d’entre nous, c’est un cocktail de sérieux, de pragmatisme, et de rêve. Si la conquête spatiale n’était que du rêve, on est trouverait vite les limites. Et si ce n’était que du commercial, il n’y aurait pas assez de passion.

Dans le cadre de la grande aventure spatiale, comment voyez-vous votre action, votre rôle?

J’ai la chance de diriger aujourd’hui les Lanceurs à l’ESA, en ayant conscience que c’est la porte d’entrée de l’espace, le premier maillon de la chaîne. Mais je ne suis moi-même qu’un maillon parmi des dizaines de milliers. Il n’y a pas d’aventure personnelle dans l’espace. Ça n’a rien à voir avec l’aviation par exemple, qui est resté pendant longtemps une aventure où l’individu pouvait encore jouer un rôle majeur. Dans l’espace, même l’astronaute n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il n’existe pas si il n’y a pas en dessous de lui les milliers d’ingénieurs et de techniciens, cette pyramide de femmes et d’hommes qui œuvrent pour que l’aventure soit et demeure possible.

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