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L'astronaute Jean-François Clervoy de l'ESA à l'intérieur du module pressurisé de l'ATV à l'ESTEC aux Pays Bas
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Le premier vaisseau spatial Européen de rendez-vous spatial est né

07/03/2002 1968 views 1 likes
ESA / Space in Member States / France

L'un des éléments européens les plus importants pour la Station Spatiale Internationale (ISS) est devenu une réalité. En effet, au centre de l'ESTEC (European Space and Technology Centre) aux Pays-Bas, l'ATV (Automated Transfert Vehicle), le vaisseau-ravitailleur européen, est déjà un imposant vaisseau spatial de 20 tonnes, de forme cylindrique de 10 mètres de hauteur et de 4,5 m de diamètre.

"A proprement parler, c'est le premier vaisseau spatial de l'Europe car l'ATV va naviguer en orbite avec une extrême précision - au centimètre près - pour atteindre l'ISS et s'y amarrer avec une grande sécurité et d'une façon autonome," explique Jean-François Clervoy, astronaute chevronné, qui participe à la mise au point du véhicule dans l'équipe de l'ESA.

 

Ici l'ATV, à l'ESTEC, subit des tests acoustiques simulant un lancement sur Ariane 5
Ici l'ATV, à l'ESTEC, subit des tests acoustiques simulant un lancement sur Ariane 5

Depuis décembre dernier, ce premier modèle de qualification a commencé ses 11 mois de tests prévus. Les tests acoustiques, simulant le lancement, ont pleinement réussi et d'autres tests, en collaboration avec la NASA aux Etats-Unis, ont été effectués avec succès pour le contrôle de la compatibilité entre le système de communication de l'ATV (destiné à la télémétrie) et les puissants satellites relais TDRS utilisés par la Station.

Sous la supervision d'une équipe spécialisée de l'ESA, mille personnes à travers l'Europe mettent au point ce vaisseau et le construisent en vue d'un vol inaugural de ravitaillement de la Station, qui est prévu pour l'automne 2004.

Lancé, sans équipage, à l'aide du lanceur lourd européen Ariane 5, le véhicule de transfert automatique, baptisé ATV ira s'amarrer au Module de Service russe de la Station. Ce module pressurisé fera instantanément partie intégrante de la Station. Les astronautes, en T-shirt et shorts, viendront y chercher les expériences scientifiques nouvelles, du matériel, de l'eau et de la nourriture fraîche. Ce nouveau véhicule transportera un cargo total de 7500 kg qui se répartissent dans le module pressurisé et dans son module de service.

On y trouve aussi de l'air, qui sera pulsé dans la Station, et du combustible utilisé à la fois par l'ATV pour sa propulsion, et qui servira également à rehausser (reboost), à intervalles réguliers, l'orbite de la Station. En effet, celle-ci perd naturellement de l'altitude à cause des frictions avec l'atmosphère résiduelle encore présente à 400 km de la Terrre. Un combustible différent est aussi transporté par l'ATV pour être transféré automatiquement vers la Station, qui assure constamment son propre contrôle d'orbite et d'attitude.

L'ATV a environ trois fois la capacité de l'actuel véhicule russe Progress-M. Sans ce véhicule européen, Progress serait le seul moyen de pouvoir rehausser l'altitude de la Station. Equipé de quatre moteurs et de panneaux solaires, ce nouveau véhicule poussera la Station vers une orbite plus haute comme un bateau-remorqueur déplace une péniche.

Selon les besoins de l'ISS, l'ATV peut recevoir différentes combinaisons de fret en transportant au maximum:

  • 840 kg d'eau potable
  • 100 kg d'air (oxygène et azote)
  • 860 kg de combustible destinés au système de propulsion de l'ISS
  • 4700 kg de combustible pour rehausser l'ISS sur son orbite
  • 5500 kg d'équipements comme des expériences scientifiques, de l'eau et des aliments frais.

"Pour l'Europe, c'est un défi technologique de taille car l'ATV exige le niveau de sécurité draconien propre aux vols habités et doit en même temps offrir un niveau d'automatisme exceptionnel. Normalement les équipages assisteront du hublot au rendez-vous entièrement automatique," note Clervoy, qui rappelle, "qu'en cas de défaillance, l'ATV peut aussi bien basculer automatiquement sur son système de secours indépendant - qui l'éloigne de la Station - ou ce dernier peut être télécommandé par l'équipage en dernier recours".

Construit sous la maîtrise d'oeuvre d'EADS-LV (Launch Vehicle), ce véhicule européen sera lancé en moyenne tous les 17 mois. "C'est un moyen pour l'Europe de payer en nature sa contribution aux coûts opérationnels de la Station", souligne Clervoy. Il peut rester amarré jusqu'à six mois avant d'être rempli de 6500 kg de déchets de la Station. L'ATV est ensuite mis sur une trajectoire de rentrée destructive où les chocs thermiques et mécaniques, au cours de la chute violente dans l'atmosphère, détruisent tout le véhicule.

Tous les lancements s'effectueront depuis le centre de lancement en Guyane française. Les manoeuvres de l'ATV seront commandées depuis le centre de contrôle de Toulouse actuellement en construction. Ses opérations de rendez-vous seront coordonnées avec le centre de contrôle de la Station Spatiale à Houston et avec le centre de contrôle russe du TsOuP près de Moscou, qui supervise toute la partie russe de la Station.

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