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Chelyabinsk asteroid trail
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10 ans à préparer l’armageddon

09/02/2024 36 views 0 likes
ESA / Space in Member States / Switzerland - Français

C’est un scénario rendu célèbre par le film « Armageddon » de 1998 : un astéroïde est repéré sur une trajectoire de collision avec la Terre, et les experts se bousculent pour planifier une mission dans l’espace destinée à effectuer un rendez-vous avec l’astéroïde et à minimiser le danger. C’est de la science-fiction classique, mais saviez-vous qu’il existe un groupe très réel chargé de recommander une telle réponse dans la vraie vie ? Ce groupe fête cette semaine son dixième anniversaire.

Tcheliabinsk une décennie plus tard : les astéroïdes dissimulés par l’éblouissante lumière du Soleil
Tcheliabinsk une décennie plus tard : les astéroïdes dissimulés par l’éblouissante lumière du Soleil

L’astéroïde Tcheliabinsk qui a frappé le ciel au-dessus de la région russe de l’Oural en février 2013 a mis en lumière la fragilité de l’humanité. 

D’une masse d’environ 12 000 tonnes et d’une taille de 19 m, l’astéroïde de Tcheliabinsk est le deuxième plus gros astéroïde à voir frappé la Terre au siècle dernier. Il s’est désintégré en percutant la haute atmosphère à un angle étroit et à grande vitesse, causant une onde de choc qui a fait plus de 1500 blessés et endommagé 7300 bâtiments. De nombreuses personnes ont également été blessées par des éclats de verre projetés alors qu’elles regardaient par les fenêtres pour voir ce qui se passait. 

Par un étrange coup du sort, l’astéroïde Tcheliabinsk a frappé le jour même où le Groupe de travail sur les objets géo-croiseurs du Comité des Nations unies pour l'utilisation pacifique de l'espace extra-atmosphérique (COPUOS) se réunissait à Vienne pour finaliser une recommandation à l’ONU sur la manière de défendre la Terre contre d’éventuels impacts d’astéroïdes.

Lors de cette réunion, les experts de la Terre ont posé les bases de la formation de deux organismes internationaux qui permettraient une réponse véritablement mondiale au risque d’une frappe d’astéroïde : le Réseau international d’alerte aux astéroïdes (IAWN) et le Groupe consultatif pour la planification des missions spatiales (SMPAG, qui se prononce comme « same page », ou  « même page » en anglais).

Maintenir l’humanité sur la même longueur d’onde

Atténuation : un astéroïde sur une trajectoire de collision
Atténuation : un astéroïde sur une trajectoire de collision

Le SMPAG et l’IAWN célèbrent aujourd’hui leur dixième anniversaire, la première réunion du SMPAG ayant lieu les 6 et 7 février 2014 et la première réunion de l’IAWM ayant lieu en janvier de la même année. 

IAWN est coordonné par la NASA : il s’agit d’une collaboration mondiale d’observateurs, d’analystes et de modélisateurs d’astéroïdes. Lorsqu’un astéroïde est détecté sur une trajectoire de collision avec la Terre, IAWN évalue le temps avant impact, la localisation et la gravité. 

Il incombe à l’IAWN d’informer le SMPAG et les gouvernements nationaux via l’ONU et de fournir les informations sur l’astéroïde qui sont nécessaires afin de planifier une mission réactive dans l’espace, mais aussi importantes pour les agences de préparation et d’intervention en cas de catastrophe civile. 

Le SMPAG est présidé par l’ESA : il sert de forum aux agences spatiales du monde entier et coordonne la réponse spatiale de la Terre face au danger.

Il évalue la possibilité d’utiliser des missions de véhicules spatiaux (typiquement sans foreurs pétroliers) pour étudier, dévier ou détruire un astéroïde de plus de 50 m se dirigeant vers la Terre et dont la probabilité d’impact serait supérieure à 1 %. Il conseille ensuite les décideurs sur les actions possibles à entreprendre.

Pas de repos pour les défenseurs planétaires de ESA

L’orbite d’Apophis déviée par la gravité de la Terre
L’orbite d’Apophis déviée par la gravité de la Terre

Lors de la récente 22e réunion du SMPAG, le 31 janvier 2024, l’un des sujets majeurs de discussion a été l’éventuel échange d’informations entre les agences spatiales prévoyant d’étudier l’astéroïde Apophis. 

Apophis est un astéroïde de grande taille, son diamètre est estimé à environ 350 m, qui survolera la Terre en toute sécurité le 13 avril 2029. Au plus près de son approche, il sera à l’intérieur de l’anneau de satellites de télécommunications et météorologiques en orbite géostationnaire

Ce survol offre une chance unique d’étudier un astéroïde aussi gros et au plus près au moyen d’une mission satellite, et les agences spatiales comptent en tirer le meilleur parti. L’ESA étudie actuellement deux concepts de mission qui s’envoleraient vers Apophis alors qu’il s’approchera de la Terre en 2029.

Hera en approche des astéroïdes Didymos
Hera en approche des astéroïdes Didymos

L’ESA se prépare également actuellement à lancer sa mission Hera. En septembre 2022, la mission DART de la NASA a démontré une composante clé de la déviation des astéroïdes – un impact lors duquel un véhicule spatial s’écrase délibérément sur un astéroïde pour en modifier sa trajectoire. 

Hera s’élancera en octobre 2024 et se rendra dans le même système d’astéroïdes pour mesurer les résultats. Ce faisant, Hera contribuera à transformer cette nouvelle expérience en une approche de défense planétaire reproductible.

Le futur télescope Flyeye
Le futur télescope Flyeye

Pour dévier un astéroïde, il faut cependant d’abord le repérer. Le Centre des planètes mineures (MPC) catalogue actuellement plus de 34 000 astéroïdes géocroiseurs connus, et le Centre de coordination des objets géocroiseurs de l’ESA garde un œil attentif sur eux. 

Les deux télescopes Test-Bed de l’ESA et son prochain télescope Flyeye font partie d’un futur réseau automatisé qui scrutera en permanence l’ensemble du ciel chaque nuit à la recherche de nouveaux rochers de l’espace potentiellement dangereux. Tout ce que ce réseau trouvera sera vérifié par un humain, avant d’être soumis au Centre des planètes mineures pour déclencher des observations de suivi.

NEOMIR - Détecteur d’astéroïdes en orbite
NEOMIR - Détecteur d’astéroïdes en orbite

Mais même ce réseau ne pourra pas repérer les astéroïdes qui se dirigent vers la Terre en étant dissimulés par l’éblouissante lumière du Soleil. Le télescope spatial NEOMIR proposé par l’ESA sera situé en dehors de la distorsion de l’atmosphère, et il sera donc capable de s’appuyer sur la lumière infrarouge, plutôt que sur la lumière visible. En effectuant des observations dans l’infrarouge, NEOMIR détectera la chaleur émise par les astéroïdes eux-mêmes, qui n’est pas noyée par la lumière du Soleil.

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